Discours du pape François aux religieuses de vie contemplative à Lima, Pérou

Le dimanche 21 janvier, le Saint Père s’est rendu au Sanctuaire du Seigneur des Miracles, à Lima au Pérou, où il a rencontré des religieuses de vie contemplative. Vous trouverez ci-dessous le discours qu’il leur a adressé.

Chères sœurs de divers monastères de vie contemplative:

Qu’il est bon d’être ici, dans ce Sanctuaire du Seigneur des Miracles, si fréquenté par les Péruviens, pour lui demander sa grâce et pour qu’il nous montre sa proximité et sa miséricorde! C’est lui “la lumière qui nous guide, qui nous éclaire de son amour divin”. En vous voyant ici, j’ai l’impression que vous avez profité de la visite pour vous promener un peu. Merci, Mère Soledad, pour vos paroles de bienvenue, et merci à vous toutes qui “dans le silence du cloître marchez toujours à mes côtés”.

Nous avons entendu les paroles de saint Paul, en nous rappelant que nous avons reçu l’esprit d’adoption filiale qui fait de nous des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 15-16). En ces quelques mots se trouve condensée la richesse de toute la vocation chrétienne : la joie de nous savoir des fils. C’est l’expérience qui soutient nos vies, qui voudrait toujours être une réponse reconnaissante à cet amour. Qu’il est important de renouveler jour après jour cette joie!

Un chemin privilégié qui vous permet de renouveler cette certitude, c’est la vie de prière, communautaire et personnelle. Elle est le noyau de votre vie contemplative, et c’est la façon de cultiver l’expérience d’amour qui soutient notre foi; et comme nous le disait si bien Mère Soledad, c’est une prière qui est toujours missionnaire.

La prière missionnaire est celle qui parvient à unir les frères dans les diverses circonstances où ils se rencontrent et à demander que ne leur manquent pas l’amour et l’espérance. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus le disait ainsi: «Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est éternel!… Dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour» [1]. Etre l’amour! C’est savoir être sensible à la souffrance de tant de frères et dire avec le psalmiste: « Dans mon angoisse j’ai crié vers le Seigneur, il m’a exaucé, mis au large» (Ps 117, 5). C’est de cette manière que votre vie en clôture arrive à avoir une portée missionnaire et universelle ainsi qu’«un rôle fondamental dans la vie de l’Eglise. Vous priez et intercédez pour beaucoup de frères et sœurs qui sont en prison, migrants, réfugiés et persécutés, pour tant de familles blessées, les personnes sans travail, les pauvres, les malades, les victimes des dépendances, pour ne citer que quelques-unes des situations qui sont chaque jour plus pressantes. Vous êtes comme ces personnes qui portèrent un paralytique devant le Seigneur pour qu’il le guérisse (cf. Mc 2, 1-12). Par la prière, jour et nuit, vous amenez au Seigneur la vie de beaucoup de frères et sœurs qui, pour diverses raisons, ne peuvent le rejoindre pour faire l’expérience de sa miséricorde qui soigne, alors que Lui les attend pour leur faire grâce. Avec votre prière, vous pouvez guérir les plaies de beaucoup de frères » [2]. Pour cela même, nous pouvons affirmer que la vie de clôture n’enferme ni ne rétrécit le cœur, mais elle l’élargit par la relation avec le Seigneur et qu’elle le rend capable de sentir d’une nouvelle manière la douleur, la souffrance, la frustration, le malheur de tant de frères qui sont victimes de cette “culture du déchet” de notre époque. Que l’intercession pour ceux qui sont dans le besoin soit la caractéristique de votre prière. Et, quand c’est possible, aidez-les, non seulement par la prière mais aussi par le service concret.

La prière de demande qui se fait dans vos monastères rejoint le cœur de Jésus qui implore le Père pour que tous nous soyons un, afin que le monde croie (cf. Jn 17, 21). Combien nous avons besoin d’unité dans l’Eglise! Aujourd’hui et toujours! Unis dans la foi. Unis par l’espérance. Unis par la charité. Dans cette unité qui jaillit de la communion avec le Christ qui nous unit au Père dans l’Esprit et, dans l’Eucharistie, nous unit les uns aux autres dans ce grand mystère qu’est l’Eglise. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier beaucoup pour l’unité de cette Eglise péruvienne bien-aimée. Œuvrez à la vie fraternelle, faisant en sorte que chaque monastère soit une lampe qui éclaire au milieu de la désunion et de la division. Aidez à prophétiser que c’est possible. Que tous ceux qui s’approchent de vous puissent goûter par avance la béatitude de la charité fraternelle, si caractéristique de la vie consacrée et si nécessaire au monde d’aujourd’hui et à nos communautés. Quand la vocation est vécue en fidélité, la vie devient une annonce de l’amour de Dieu. Je vous demande de ne pas cesser de donner ce témoignage. En cette église des Carmélites Nazaréennes Déchaussées, je me permets de rappeler les paroles de la Maîtresse spirituelle, sainte Thérèse de Jésus: « Si elles perdent le guide qui est le bon Jésus, elles n’en trouverons point le chemin; […] Le même Seigneur qui a dit qu’il est la voie a dit aussi qu’il est lumière et que personne ne peut aller à son Père si ce n’est par lui»[3]. Chères sœurs, l’Eglise a besoin de vous. Soyez des lampes par votre vie fidèle et indiquez Celui qui est chemin, vérité et vie, l’unique Seigneur qui donne la plénitude à notre existence et la vie en abondance [4].

Priez pour l’Eglise, pour les pasteurs, pour les personnes consacrées, pour les familles, pour ceux qui souffrent, pour ceux qui font du mal, pour ceux qui exploitent leurs frères. Et n’oubliez pas, s’il vous plaît, de prier pour moi.

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