Un chrétien a l’audace d’annoncer Jésus-Christ

Ce matin à Rome, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a présenté une note doctrinale concernant certains aspects de l’évangélisation. Le document daté du 3 décembre vise à rappeler aux catholiques quelques principes essentiels de la proclamation de l’évangile dans le monde moderne, en élucidant certaines implications anthropologiques, ecclésiologiques et oecuméniques liées à cette question.

Évangéliser ne signifie pas simplement enseigner une doctrine mais plutôt annoncer l’évangile de Jésus Christ par la paroles et par les actes, c’est-à-dire se faire instrument de sa présence dans le monde (par. 2).

Le paragraphe 3 nous permet de comprendre les raisons qui ont poussées à la rédaction de cette note: 

…on note de nos jours une confusion sans cesse grandissante, qui induit beaucoup de personnes à ne pas écouter et à laisser sans suite le commandement missionnaire du Seigneur (cf. Mt 28, 19). Toute tentative de convaincre d’autres personnes sur des questions religieuses est souvent perçue comme une entrave à la liberté. Il serait seulement licite d’exposer ses idées et d’inviter les personnes à agir selon leur conscience, sans favoriser leur conversion au Christ et à la foi catholique : on affirme qu’il suffit d’aider les hommes à être plus hommes, ou plus fidèles à leur religion, ou encore qu’il suffit de former des communautés capables d’oeuvrer pour la justice, la liberté, la paix, la solidarité. En outre, certains soutiennent qu’on ne devrait pas annoncer le Christ à celui qui ne le connaît pas, ni favoriser son adhésion à l’Église, puisqu’il serait possible d’être sauvé même sans une connaissance explicite du Christ et sans une incorporation formelle à l’Église.

Quatre éléments-clés ressortent de ce texte. D’abord, on y dénonce un faux sens de la justice sociale et de la rectitude politique. Il ne suffit pas d’aider les gens à être ‘plus humain’ ou plus fidèle à leur propre religion ni de lutter pour un monde de justice, de liberté, de paix et de solidarité. De plus, certains soutiennent que le Christ ne devrait pas être annoncé à ceux qui ne le connaissent pas, qu’on ne devrait inviter les gens à joindre l’Église puisque le salut serait possible même sans une connaissance explicite du Christ et sans faire partie de son Église. La personne qui connait le Christ est appelé à l’annoncer.

Deuxièmement, la note rappelle qu’on ne peut détacher le Royaume de Dieu de l’Église. L’extension de l’Église dans l’histoire, qui constitue la finalité de la mission, est un service rendu à la présence de Dieu à travers son Royaume. L’Église est donc le véhicule de la présence de Dieu et pour cela l’instrument d’une vraie humanisation de l’homme et du monde (par. 9).

En matière d’oecuménisme, la note explique que le dialogue entre chrétiens n’enlève pas le droit ni la responsabilité de proclamer la plénitude de la foi catholique aux autres chrétiens, qui sont libres de l’accueillir ou non.

Enfin, ce document apporte certainement d’importantes clarifications sur le sens et l’objectif de l’évangélisation. Nombre de catholiques se questionnent quant à la nécessité d’annoncer Jésus Christ et la foi catholique, certains affirmant même que d’annoncer la plénitude de la Révélation masquerait une attitude d’intolérance et constituerait un danger.

Cette note de la CDF est à-propos alors que beaucoup de cathos se réfugient derrière le voile de l’accueil, de la tolérance et de l’ouverture. Cette note créera certainement moins de vague que celle parue cet été qui réaffirmait que l’Église du Christ ne se trouve pleinement que dans l’Église catholique. Il ne s’agit pas d’une tape sur les doigts mais bien d’un rappel à ne pas oublier ce qui est essentiel.

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