Observer la nouvelle pentecôte se déployer sous nos yeux…

par le père Thomas Rosica, c.s.b.

[NDLR: Le père Rosica agit comme attaché de presse anglophone à la XIIe Assemblée générale du Synode des évêques à Rome. Il nous livrera ses réflexions tout au long de son travail là-bas.]
 
J’ai toujours été fasciné par les histories racontées par ceux qui ont fréquenté les séances du Concile Vatican II entre 1961 et 1965.  Le défunt Cardinal George Flahiff, c.s.b., ancien Supérieur général de ma communauté, la Congrégation de Saint- Basile, et archevêque émérite de Winnipeg, me racontaient que si les séances générales du Concile dans la Basilique Saint-Pierre accueillaient les discours les plus importants et les séances de vote, les événements les plus intéressants avaient en fait lieu pendant les petites réunions de groupe et les pauses café! Ceci est compréhensible, d’autant plus qu’il y avait plus de 2500 Pères conciliaires présents dans la Basilique pour les sessions plénières et que la disposition des chaises ne permettait pas des discussions ouvertes ni des échanges fraternels.

La Salle du Synode au Vatican n’est certainement pas la Basilique St Pierre et si sa structure est certes formelle – du fait d’accueillir quotidiennement cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, experts, délégués fraternels, auditeurs et représentants de la presse – l’ambiance est toutefois informelle et amicale.  Le Pape Benoît XVI, entouré des trois Présidents du Synode, du Secrétaire général du Synode, du Rapporteur général et du Secrétaire spécial, préside les séances du Synode autour d’une longue table devant la moderne salle de conférences. Hier et aujourd’hui les pères synodaux ont essayé les nouveaux appareils de vote qui n’ont pas très bien marché et qui seront donc améliorés. Ces petits incidents ont crée beaucoup de rires parmi les membres de l’assemblée du Synode alors qu’une voix dans le haut-parleur répétait au public : «ceux qui sont à gauche n’ont pas bien voté!» ou bien «les Patriarches n’apparaissent pas». Même Benoît XVI semblait apprécier ces moments alors qu’il observait ses frères évêques du monde entier en train d’essayer cette ‘nouvelle technologie’ qui ne fonctionnait pas!
 
Ce qui est à la fois incroyable et édifiant après seulement deux jours depuis le début du Synode est la ponctualité des pères du Synode qui débutent les séances à l’heure,  et respectent presque religieusement les 5 minutes allouées à chacun pour sa présentation.  Vingt-trois évêques ont parlé devant le Synode pendant la séance de ce matin, et seulement quelques-uns d’entre eux ont parlé quelques secondes de plus.  Quand le micro s’est éteint après exactement 5 minutes, il n’y a eu aucune crise, bien au contraire, des sourires se sont affichés sur les visages des interlocuteurs.
 
Exactement comme pendant le Concile du Vatican II et ses fameuses pauses café, pendant les pauses café du Synode aussi il y a du temps pour la fraternisation, la découverte et l’échange d’idées et de cartes de visite.  Jamais comme à ces moments-là, pendant les pauses café du Synode au premier étage de la Salle Paul VI dans l’État du Vatican, y a-t-il de meilleure opportunité pour la création de réseaux.  Vous êtes par exemple en file d’attente pour votre gâteau italien et vous êtes entouré du Supérieur général de la Société de Jésus, du Prieur de la Communauté de Taizé en France, du Cardinal Secrétaire d’État, du Chevalier Suprême des Chevaliers de Colomb, des sœurs africaines qui ont enseigné l’Évangile dans les séminaires pendant des années, des femmes expertes invitées au Synode par le pape, et des chefs de pratiquement tous les gouvernements et dicastères du Vatican. Il y a sûrement de l’égalité dans cette partie du Vatican! Et pendant la descente de l’escalier pour la pause café le pape prend sa pause à l’étage, dans une salle à côté des salles du Synode où, chaque jour, il reçoit un groupe de personnes différentes présentes au Synode. Cela lui donne l’occasion de passer du bon temps avec le monde entier réuni pour cet événement majeur dans la vie et dans la mission de l’Église!
 
Les discours du Synode se suivent et il est parfois difficile ensuite de bien les distinguer, surtout puisque je dois en parler dans les conférences de presse du Bureau de presse du Saint-Siège. Plusieurs pages de notes et de nombreux textes aident les pères du Synode à garder les choses bien en ordre.  La présentation de mardi par l’évêque australien Michael Putney de Townsville, m’a particulièrement marqué puisque il a parlé de son pays comme étant l’un des plus sécularisés au monde.  Il a dit: «Après les Journées mondiales de la jeunesse, certains Australiens et Néozélandais ont compris que la promesse d’une nouvelle évangélisation pourra enfin être une réalité, en dépit de l’apparente imperméabilité de la culture laïque».
 
Voir le Rabbin Shear Yashuv Cohen de Haifa en Israël s’adresser au Synode le jour de son commencement lundi dernier, m’a rappelé ce moment historique  que nous sommes tous en train de vivre à l’occasion de cette 12e Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques au Vatican.  Pour la première fois au Vatican, le Rabbin a déclaré «Je sens profondément que ma présence ici devant vous a beaucoup de signification. Je porte un message d’espérance et d’amour, de coexistence et de paix pour notre génération, et pour celles à venir».  Il continua: «Nous prions Dieu en utilisant Ses propres mots, comme nous le disent les Écritures ». De même nous Le louons, empruntant ses propres mots de la Bible. Nous demandons Sa pitié, mentionnant ce qu’Il a promis à nos ancêtres et à nous-mêmes. Tout notre service est basé sur une ancienne règle, comme nous le disent nos rabbins et nos enseignants: «Donnez-lui ce qui est à Lui, parce que vous êtes à Lui».

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