Communiquer l’évangile de la famille aujourd’hui : réflexion sur L’Instrumentum Laboris (2e partie)

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Photo: courtoisie CatholicNewsService

La première partie de l’Instrumentum Laboris introduit la réalité de la famille dans le cadre de la révélation en la plaçant d’emblée comme une institution voulue et créée par Dieu avec une intention bien déterminée c’est-à-dire de permettre à l’homme et la femme « d’être les collaborateurs de Dieu dans l’accueil et la transmission de la vie »[1]. C’est cependant dans la plénitude de la Révélation qu’est Jésus que la famille trouve son sens le plus complet puisque c’est « en révélant pleinement la divine miséricorde, [qu’Il] permet à l’homme et à la femme de récupérer le « principe » selon lequel Dieu les a unis en une seule chair (cf. Mt 19, 4-6) par lequel –grâce du Christ – ils deviennent capables de s’aimer fidèlement pour toujours »[2]. C’est dans ce cadre salvifique que peuvent être compris tous les enseignements de l’Église sur la vie et la famille.

La première partie de ce document se propose ensuite d’explorer la réception de cette même révélation de Dieu sur la famille par le Peuple de Dieu. C’est dans cette perspective que l’on prend en considération les grandeurs et les misères de la connaissance et de l’appropriation des enseignements présents dans la Bible et dans les documents du Magistère. En effet, on montre bien comment l’accueil de ces enseignements est diversifié et présente souvent des difficultés pour les fidèles. Ainsi, on identifie plusieurs causes à ce phénomène comme « l’absence d’une expérience chrétienne authentique […] les nouvelles technologies diffusives et invasives; l’influence des médias; la culture hédoniste; le relativisme; le matérialisme; l’individualisme; le sécularisme croissant, etc. »[3]. Pour remédier à ce constat des plus navrant, l’Instrumentum Laboris propose la diffusion chez les catholiques d’une culture de l’étude de la Bible et des documents du Magistère en proposant quelques exemples d’initiatives comme « des centres académiques appropriés et préparés aux thématiques familiales, au niveau doctrinal, spirituel et pastoral »[4]. De cette manière, l’Église pourra répondre aux aspirations présentes « surtout chez les nouvelles générations d’un désir renouvelé de [la] famille »[5] puisque « les jeunes ont besoin d’être aidés pour connaître ce que l’Église enseigne et pourquoi elle l’enseigne »[6]

En continuité avec le thème que nous venons d’aborder, le document s’interroge sur la légitimité du concept traditionnel employé par l’Église pour décrire les lois inhérentes à la nature humaine que l’on nomme « loi naturelle ». Le document mentionne ainsi les référents erronés auxquels renvoie un tel langage dans la mentalité commune de nos contemporains. Après avoir identifié les différentes sources morales de contestations des principes implicites au concept de loi naturelle tel qu’entendu par le Magistère (no27), le document reprend certaines attentes exprimées pour un renouvellement souhaitable du langage passant ainsi du concept philosophique de loi naturelle à celui plus biblique « d’ordre de la création »[7]. Celui-ci étant plus à même de susciter la compréhension.

Enfin, le chapitre quatrième présente la famille dans un contexte christologique. En effet, rappelant les différents défis liés à la « culture du déchet »[8] ainsi qu’à la « privatisation »[9] de la famille, le document explique l’importance de la famille comme cellule première de la société. Pour bien réaliser cette mission dans le monde, la famille a besoin de la Grâce se déployant dans une vie à l’imitation de « la famille de Nazareth »[10]. C’est dans la contemplation de cette dernière qu’il sera possible à tous les membres de la famille d’accueillir le chemin d’amour propre qui lui est destiné. C’est seulement ainsi qu’il pourra reconnaître et accepter la « beauté des différences »[11] des rôles, des âges, des goûts etc. Unie à une vie de prières vécues personnellement et en famille par différentes pratiques propres et communes à tous les chrétiens (no 42), les familles pourront ainsi être des lieux de développement intégral de la personne (no 43). Sans tomber dans le romantisme humain et spirituel (no 44), puisque toutes les familles sont confrontées à des difficultés, le modèle de la Sainte famille se veut un référent stable vers lequel l’Église doit accompagner les fidèles qui s’y engagent par différents moyens de formation (no 49). Dans le prochain blogue, nous explorerons la deuxième partie de l’Instrumentum Laboris dédiée à la pastoral de la famille.

[1] Instrumentum Laboris, Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation, III Assemblée générale extraordinaire, Vatican, 2014, no 1.; [2] Ibid, no.2; [3] Ibid, no.15.; [4] Ibid, no.18.; [5] Ibid, p.1; [6] Ibid, no.19.; [7] Ibid, no 30.; [8] Ibid, no. 15.; [9] Ibid, no. 33.; [10] Ibid, no. 36.; [11] Ibid, no. 39.

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