Conférence de présentation de Laudato Si’

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Cité du Vatican, 18 juin 2015 (VIS).

Ce matin près la Salle du Synode le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Président du Conseil pontifical Iustitia et Pax a illustré la nouvelle encyclique Laudato Si’ que le Pape François consacre à la protection de la création et l’écologie intégrale. Il était accompagné des présentateurs du document, le Métropolite Ioannis de Pergame (du Patriarcat œcuménique), qui a parlé de la théologie et de la spiritualité de l’encyclique, M.Hans Joachim Schellnhuber (Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique), qui a traité de la place des sciences naturelles dans l’encyclique, de Mme.Carolyn Y.Woo (Catholic Relief Services), qui a abordé les volets de l’économie, de la finance et du commerce face à la question écologique, et Mme.Valeria Martano (chercheur et enseignant), témoin depuis 20 ans de la dégradation sociale et environnementale de la périphérie romaine.

D’emblée l’encyclique entend établir un dialogue avec tous, que ce soit avec des personnes avec des organisations et institutions qui partagent la même préoccupation que le Pape, abordée sous différents points de vue.  »Ce type de dialogue », a indiqué le Cardinal Turkson, « fait partie de la méthode de la rédaction utilisée par le Saint-Père pour rédiger l’encyclique. Il s’est appuyé sur un large éventail de contributions: La plupart des conférences épiscopales des divers continents…ainsi que d’autres contributions qui ne sont pas citées dans le document qu’elles ont aidé à composer ». L’encyclique tire son nom de l’invocation de saint François dans le Cantique des Créatures: Loué soit mon Seigneur, une prière contemplative qui nous invite à nous inspirer du Poverello pour promouvoir une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité… Dans sa relation avec l’environnement, l’humanité fait face à des défis majeurs qui requièrent également des politiques appropriées, déjà au programme des instances internationales. Certainement ‘Laudato Si’ peut et doit avoir un impact sur ces processus. Un examen rapide de son contenu montre qu’il est avant tout de nature pastorale et spirituelle, la portée, l’ampleur et la profondeur de la question ne pouvant être réduites à la sphère de la politique environnementale ».

Pour sa part, le Métropolite Ioannis Zizioulas a rappelé qu’en 1989 le Patriarche œcuménique Démétrios avait publié une encyclique pour alerter les les chrétiens et les personnes de bonne volonté sur la gravité de la question écologique, mais aussi montrer ses implications théologiques et spirituelles, invitant à consacrer chaque 1 septembre à prier pour l’environnement. Cette date, qui est selon le calendrier orthodoxe le premier jour de l’année ecclésiastique pourrait devenir un temps de prière pour tous les chrétiens et marquer ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement entre tous les baptisés:  »Je pense que le sens de l’encyclique Laudato Si’ ne se limite pas à la question de l’écologie en tant que tel. Elle revêt une dimension œcuménique importante qui encourage tous les chrétiens divisés à accomplir une tâche commune. Nous vivons une époque de problèmes existentiels profonds qui dépassent nos divisions traditionnelles… Il suffit de voir ce qui se passe au Moyen-Orient: Ceux qui persécutent les chrétiens ne leur demandent pas à la confession ils appartiennent! Ici l’unité des chrétiens se construit par la persécution et le sang. C’est un œcuménisme du martyre… D’une manière similaire, la menace de la crise écologique doit aider à dépasser nos clivages traditionnels. Le danger qui guette notre maison commune, la planète sur laquelle nous vivons, est décrite dans l’encyclique d’une manière qui ne laisse aucun doute sur le danger existentiel auquel nous sommes tous confrontés. Ce danger commun est indépendamment de notre Eglise ou de nos identités religieuses. Il implique un effort commun pour éviter les conséquences catastrophiques de la situation actuelle. L’encyclique du Pape François est un appel à l’unité, à l’unité dans la prière pour l’environnement, dans la diffusion de l’Evangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de nos modes de vie, nécessaires pour respecter et aimer tout le monde et tout ce que Dieu nous a donné. »

Puis le Professeur Schellnhuber, a souligné que sous l’angle de la technologie et de l’énergie propre il est possible d’atteindre un résultat positif pour tous car, en fait, elles sont disponibles en abondance. Tout ce que nous avons à faire est de développer les moyens de produire l’énergie correctement et de gérer de façon responsable notre consommation. Depuis des décennies on travaille au le développement d’un réacteur de fusion incroyablement coûteux alors que nous avons la chance d’en avoir un qui fonctionne parfaitement et qui est gratuit, le soleil! Le photovoltaïque, l’énergie éolienne et la biomasse dépendent également de la lumière solaire. Ces nouvelles technologies pourraient ouvrir un potentiel dans les pays pauvres où il n’y a pas de réseaux pour distribuer l’électricité provenant de centrales éloignées pour constituer un système viable. Tout comme il a augmenté l’utilisation des téléphones mobiles sans l’établissement préalable de lignes fixes, les pays en développement pourraient se passer des combustibles fossiles et entrer dans l’ère de la production décentralisée et directe d’énergie renouvelable… La gestion de notre planète ne peut devenir une tragédie collective. Au contraire, elle doit devenir l’histoire d’une grande transformation, qui permettra de faire levier pour surmonter les profondes inégalités du monde actuel. Certaines inégalités découlent du hasard géologique, de la répartition régionale des combustibles fossiles contrôlés par quelques-uns. Aujourd’hui la voie est enfin libre pour un avenir universel juste. »

Enfin Mme.Woo a expliqué que l’investissement dans la durabilité constitue une autre chance de progrès. « De nombreuses études fournissent des estimations de coûts astronomiques associés aux catastrophes naturelles, présentes comme à venir, telles que la hausse du niveau des océans, la sécheresse, les inondations et les tempêtes qui ravagent la production agricole ou provoquent la perte de productivité, favorisent aussi l’augmentation des épidémies et des maladies dues à la chaleur et à la pollution… Par ailleurs les entreprises peuvent jouer un rôle important en aidant les clients à devenir des consommateurs responsables. Conception et production des biens consommables devront faire en sorte de limiter les déchets et d’utiliser les énergies renouvelables, le recyclage, la récupération et la réutilisation afin de fournir de nouvelles opportunités pour les entreprises et les clients responsables… L’encyclique affirme le rôle important que doit jouer le commerce, mais le Pape avertit..le besoin de partenariat entre les secteurs public et privé, un dialogue politique et économique qui soit favorable à l’épanouissement humain. Puisque le public et le privé ont le même objectif, et qu’ils sont intégrés dans le même réseau interconnecté de la vie, ils doivent travailler ensemble en harmonie. Cela signifie pour les entreprises être plus respectueuses des normes et de la réglementation, en particulier dans le secteur financier. Cela signifie également que les entreprises doivent s’aligner avec les nouveaux objectifs de développement durable et la nécessité d’agir pour lutter contre le changement climatique. Après tout, le commerce est une entreprise humaine et devrait viser à un authentique développement et au bien commun de l’homme. »

Enfin, Mme.Martano a évoqué l’écologie urbaine, menacée par la pollution, la carence de services ou par l’individualisme général. Elle est un défi pour les chrétiens car dans les banlieues où on vit mal grandissent la colère et le sentiment d’exclusion. Beaucoup se voient privés du droit au logement et on assiste souvent à la destruction de bidonvilles sans que soit proposée une alternative. Les personnes âgées sont expulsés du cadre sociale vers des établissements périphériques…. La violence grandit dans certains quartiers alors qu’on peut aider mieux à vivre si les gens renoncent à l’individualisme et à la démission. A Rome pendant des années, avec la Communauté de Sant’Egidio, nous avons travaillé à la suppression d’espaces pollués… Nous nous sommes basés sur les plus faibles, enfants, personnes âgées, handicapés, afin de reconstruire un tissu humain. Autour de ces personnes on peut rénover l’image de la banlieue, trouver une énergie renouvelée et faire de l’écologie humaine. L’encyclique nous invite à pratiquer le bien commun en faveur de la ville et de l’environnement qui sont notre maison commune. Nous vivons souvent des parcours humains fragmentés et contradictoires parce que chacun essaie de se débrouiller tout seul. Chacun poursuit son propre intérêt, alors qu’il y existe un salut communautaire fondé sur l’inclusion des gens et l’écologie intégrale. »

Pour lire le texte intégral officiel français de l’encyclique « Laudato Si »:

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

Les médias, une lame à double tranchants

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La fin de semaine dernière, le pape François s’est rendu à Sarajevo pour visiter cette ville meurtrie par de nombreuses années de guerre mais dont l’espoir d’un avenir meilleur devient peu à peu réalité. C’est pour encourager ce peuple multiconfessionnel à continuer ce chemin ardu vers une société pleinement pacifiée que le pape avait décidé de faire ce voyage. En Europe, a précisé le Pape : « Je voudrais commencer à faire les visites […] en partant des pays les plus petits, et les Balkans sont des pays tourmentés, ils ont tant souffert ! Ils ont tant souffert… Et pour cela ma préférence est là ». Cette courte mais non moins chargée visite apostolique s’est terminée par une rencontre presque informelle au cours de laquelle le Pape a bien voulu répondre aux questions des jeunes. C’est la première question qui a retenu mon attention puisqu’on lui a demandé ce qu’il pensait de la télévision et des médias en général. La réponse du Pape est plus qu’intéressante :

« Depuis la moitié des années 90, j’ai senti une nuit que cela ne me faisait pas de bien, que cela m’aliénait, m’amenait… et j’ai décidé de ne pas la regarder.

Quand je voulais regarder un beau film, j’allais au centre de télévision de l’archevêché et je le regardais là. Mais seulement ce film…. La télévision au contraire m’aliénait et m’amenait hors de moi : elle ne m’aidait pas. Certainement, je suis de l’âge de pierre, je suis ancien !

Et nous maintenant – je comprends que les temps ont changé – nous vivons au temps de l’image. Et cela est très important. Et au temps de l’image, on doit faire ce qu’on faisait au temps des livres : choisir les choses qui me font du bien ! »[2]

Le pape nous donnait donc à tous, et spécialement aux jeunes, un critère pour examiner si notre consommation des médias nous permet de devenir de meilleures personnes : « elle doit me faire du bien » a-t-il affirmé. Qu’elle encourage souvent ce qu’il y a de plus bas en nous comme la paresse ou la sensualité déplacée me paraît évident. Cependant, il est intéressant de noter que le pape laisse, par cette formule, beaucoup de place à la liberté et au jugement individuels. Ce qui est bien pour moi comme être humain, nous le partageons tous et nous pouvons donc nous consulter les uns les autres pour voir ce qui est bon ou mauvais pour nous. Mais outre cela, il est clair que plusieurs programmes de télé bons pour une personne pourraient être nuisibles pour moi. Il est donc important de prendre du temps pour examiner, individuellement ou en famille, notre consommation de médias. Le Pape poursuit ainsi : [Read more…]

Missionnaires jusqu’au bout du monde!

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Ces dernières semaines, j’ai eu la chance de me rendre, accompagnée de ma femme Valérie, dans ce magnifique et lointain pays qu’est l’Île Maurice. La mère de Valérie étant d’origine mauricienne, en tant que nouveaux mariés nous avons visité oncles, tante, grand-mère et grand-père. Outre les paysages merveilleux et des repas aussi copieux qu’épicés, j’ai pu être en contact avec une culture très différente de la mienne. Malgré un français compris et parlé par la majeure partie de la population, c’est surtout le créole qui y est parlé. Aussi non seulement mes repères linguistiques furent altérés mais également mes références religieuses. En effet, l’Île Maurice est composée de plusieurs appartenances religieuses comme l’Hindouisme, l’Islam, le culte Tamoul, etc. Je peux vous assurer qu’il est très dépaysant d’entendre le chant du coq le matin accompagné de l’appel à la prière musulmane suivi de chants hindous du temple du coin de la rue ! Ce paysage religieux très hétéroclite est heureusement vécu dans un esprit très paisible où la cohabitation ne pose pas de problème majeur.

De son côté, l’Église catholique regroupe une bonne partie de la population (environ 31%). On peut donc y voir une multitude d’églises parsemant tout le territoire mauricien. Ces dernières montrent aussi la riche tradition catholique de ce pays où la foi a fait son apparition il y a plusieurs siècles avec les colonisations successives des Hollandais, des Français et des Anglais. Cette riche présence chrétienne se manifeste aussi chez certains personnages qui ont marqué la vie des habitants de l’Île jusqu’à aujourd’hui. Le témoin du Christ le plus connu est sans aucun doute le bienheureux Père Jacques-Désiré Laval c.s.s. La famille de ma femme étant catholique- son grand-père était même l’horloger officiel de la imagecathédrale Saint-Louis de Port Louis-, une visite au sanctuaire dédié au Père Laval était incontournable. C’est ainsi que j’ai fait la rencontre d’un personnage fascinant.

Il est né à Croth en France en 1803. Après des études de médecine, il décida d’entrer au séminaire et fut ainsi ordonné prêtre en 1838 dans la chapelle du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris. Il fut ensuite rapidement envoyé comme desservant d’une petite paroisse à Pinterville. C’est dans ce lieu modeste qu’il appris l’amour des pauvres. Cela allait le préparer à répondre à l’appel à la vie missionnaire à l’intérieur de la Congrégation du Saint-Esprit. C’est ainsi que notre bienheureux père Laval s’embarqua sur un navire pour un voyage de cent jours qui l’amena de l’autre côté de l’Afrique au milieu de l’océan indien. Il arriva à l’Île Maurice en 1841, deux ans à peine après l’abolition de l’esclavage.

C’est là, qu’il voua toutes ses énergies à l’évangélisation de cette population, à la fois, marquée par tant de souffrances et à l’aube de l’apprentissage de cette liberté finalement retrouvée. C’est surtout à l’éducation et à la catéchèse qu’il consacra son attention. Il avait une conscience aigüe de la responsabilité qui incombe à celui qui devient chrétien. Il ne baptisait donc pas les gens à la légère mais seulement après une bonne préparation et lorsque les catéchumènes pouvaient démontrer qu’ils avaient bien assimilés les éléments essentiels de la Foi dans leurs vies. La célébration des sacrements était aussi au cœur de sa vie et de son ministère. Le père Laval passait effectivement plusieurs heures par jour à la prière. Il était conscient que la relation au Christ était le noyau d’où il tirait les forces nécessaires à cette laval8seplourde tâche mais également la source d’où allait jaillir les nombreux fruits dont nous sommes toujours témoins aujourd’hui.

Les vertus héroïques de ce religieux sont aujourd’hui reconnues par l’Église universelle. C’est ainsi que Jean-Paul II allait présider la cérémonie qui allait faire de lui le premier Bienheureux de son pontificat le 29 avril 1979. Dans son homélie, nous voyons l’intérêt du saint Pape pour ce pauvre prêtre français qui rayonnait de la lumière du Christ au bout du monde par l’amour intense qu’il avait pour ceux que Dieu lui avait confiés. À nous qui sommes appelés, à l’invitation du pape François, à prendre de plus en plus conscience du caractère missionnaire de notre vocation chrétienne, le père Laval peut nous inspirer la même ardeur et la confiance que Dieu sera toujours à nos côtés. Comme le disait saint Jean-Paul II dans son homélie à l’occasion de la béatification du père Jacques-Désiré Laval c.s.s. :

Voilà un modèle pour les évangélisateurs d’aujourd’hui. Qu’il inspire les missionnaires, et, j’ose dire, tous les prêtres, qui ont d’abord la sublime mission d’annoncer Jésus-Christ et de former à la vie chrétienne ! Qu’il soit, à un titre particulier, la joie et le stimulant de tous les religieux spiritains, qui n’ont cessé d’implanter l’Église, notamment en terre africaine, et y œuvrent avec tant de générosité. Que l’exemple de Père Laval encourage tous ceux qui, sur le continent africain et ailleurs, s’efforcent de bâtir un monde fraternel, exempt de préjugés raciaux ! Que le Bienheureux Laval soit aussi la fierté, l’idéal et le protecteur de la communauté chrétienne de l’Ile Maurice, si dynamique aujourd’hui, et de tous les Mauriciens !

Élisabeth Turgeon: Bienheureuse de Québec à Rimouski

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Il y a deux semaines, l’équipe de S+L s’est rendue à Rimouski pour couvrir la béatification d’Élisabeth Turgeon. À notre arrivée dans cette magnifique ville du Bas Saint-Laurent, on était en fête depuis déjà une semaine puisque les célébrations entourant la béatification s’étalaient du dimanche 19 au dimanche 26 avril 2015. Si je pouvais trouver un mot pour qualifier notre brève escapade rimouskoise, je dirais l’accueil. Tant du côté de l’archidiocèse de Rimouski que des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame du Saint-Rosaire, nous avons été accueillis à bras ouverts. Comme l’enseigne Jésus : « on juge un arbre à ses fruits » (Mt 7,16). Eh, bien je me considère un témoin oculaire de la sainteté de la fondatrice de cette congrégation qui fut élevée à la Gloire des autels dimanche dernier.

Bienheureuse de Québec à Rimouski

Comme l’affirmait le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix dans l’homélie de béatification d’Élisabeth Turgeon, c’est dans le diocèse de Québec et plus particulièrement à Beaumont qu’Élisabeth a vu le jour le 7 février 1840. Appelée par l’évêque de Rimouski en 1875 pour s’occuper de l’éducation des plus pauvres du diocèse, elle fait profession de vie religieuse, le 12 septembre 1879, et est nommée première supérieure de sa Congrégation le même jour !

Sa promptitude à accepter cette lourde charge ne doit pas être confondue avec un manque de prudence. Elle était en effet convaincue que les moyens humains, comme la vie communautaire, étaient essentiels à cette tâche titanesque qu’était l’éducation à cette époque de l’histoire du Québec. Malgré un talent naturel pour les choses de l’esprit ainsi qu’une capacité hors norme d’organisation et de gouvernement, les défis n’ont pas manqué. Le plus grand de ceux-ci fut évidemment la pauvreté. Cette indigence que la nouvelle congrégation combattait d’arrache-pied en instruisant les enfants pauvres, les religieuses allaient y goûter elles-mêmes. Peut-être est-ce le signe de cette véritable abnégation caractéristique des saints qui consiste à suivre l’humilité du Christ : « lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Cor 8,9) ? En tout cas, c’était l’opinion du père rédemptoriste Tielen qui témoignait « qu’une œuvre bâtie sur une telle pauvreté ne peut être que l’œuvre de Dieu ». [Read more…]

Pour une promotion intégrale de la condition de la femme dans le monde

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Image: Courtoisie de CNS

La semaine dernière, le représentant du Saint-Siège aux Nations-Unies l’archevêque Bernardito Auza a prononcé un discours important devant les participants de la 59e Session de la Commission sur la condition de la femme. Ce discours peut, non seulement nous informer sur les grandes orientations de la diplomatie vaticane dans le monde mais également nous donner d’importantes informations sur les véritables défis auxquels font face les femmes aujourd’hui dans le monde.

Une diplomatie au service de la paix

Comme l’a affirmé le Cardinal Parolin, Secrétaire d’État du Vatican dans une entrevue accordée au père Thomas Rosica dans le cadre de l’émission Témoin sur Sel + Lumière : « la diplomatie du Saint-Siège a pour but fondamental d’aider les pays à garder la paix au centre de leurs préoccupations ». Cette orientation fondamentale se retrouve dans la déclaration de Mgr Auza. En effet, bien que le Saint-Siège ait souvent été dépeint d’une manière négative par beaucoup de médias idéologiquement orientés, cela ne l’empêche pas d’être l’une des plus grandes diplomaties du monde et des plus actives. Face aux fausses idées reçues, il est important de réaffirmer que le Vatican est officiellement présent dans presque tous les pays du monde et que dans chacun de ceux-ci, il est directement impliqué dans des œuvres d’éducation, de soins de santé, d’aide aux plus démunis, etc. Les informations recueillies dans chacun de ces pays sont envoyées au Vatican. Celui-ci est donc en mesure de se faire une idée claire et précise, entre autres, de la situation réelle des femmes dans le monde et des défis auxquels elles sont confrontées. De plus, contrairement à d’autres États qui ont à défendre d’abord et avant tout leurs propres intérêts, le Saint-Siège dispose, outre une probité morale indéniable, une grande objectivité puisqu’il n’a pas d’autres intérêts que la défense des droits de la personne et la promotion de la paix. Pour toutes ces raisons, les gouvernements du monde auraient avantage à lire ce discours du Saint-Siège et, au regard de celui-ci, réexaminer leurs propres politiques. [Read more…]

Cendrillon, une anticonformiste ?

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Image: Courtoisie de CNS

Cette semaine, je suis allé voir la récente adaptation au grand écran, par le réalisateur Kenneth Branagh, du conte de fée Cendrillon. Bien que ce genre de film ne soit pas normalement mon premier choix, je fus très surpris de la qualité et de la profondeur de ce film. Ce qui m’a frappé, c’est le contraste entre ce film et les longs métrages pour enfants auxquels les Walt Disney de ce monde nous ont habitués au cours des dernières décennies. En effet, la plupart des contes pour enfants sont aujourd’hui porteurs des grandes « valeurs » de notre temps : individualisme et consumérisme. J’en tiens pour preuve le court-métrage présenté avant le film et entièrement centré sur la célébration de l’anniversaire d’une petite fille et sur la grande quantité de cadeaux qu’elle reçoit. Comme si les producteurs avaient voulu se déculpabiliser devant d’éventuelles accusations portées contre eux de vouloir présenter aux jeunes des valeurs « vieux jeux ». En résumé, la raison de ce contraste entre les valeurs de Cendrillon et celles de notre temps est due au fait que ce film n’entre pas dans ce que Saint Jean-Paul II avait nommé la « culture du soupçon ».

Cette culture du soupçon qui a souvent servi à désigner Freud (en psychologie), Marx (en politique/économie) et Nietzche (en philosophie) pourrait se résumer ainsi : une attitude à douter de la bonté des wedding-342679_1280hommes et à toujours chercher une arrière pensée malveillante motivant les relations humaines. Par exemple, dans les relations amoureuses, l’attitude de soupçon se manifeste lorsque les partenaires ne veulent pas s’engager et se donner totalement l’un à l’autre. Lorsqu’ils préfèrent garder une assurance « au cas où » l’autre me tromperait, etc. Il faut dire que l’attitude souvent irresponsable de certains hommes a légitimé cette recherche d’une plus grande indépendance de la part des femmes. Cependant, cette recherche d’indépendance devient néfaste, pour la personne elle-même, lorsqu’elle est motivée par une peur irrationnelle de l’autre et une recherche égoïste de soi. Toutes les relations humaines (même l’économie!) étant fondées, en grande partie, sur la confiance, le soupçon peut en soi, lorsqu’il devient principe absolu, déstabiliser et, même, détruire toutes les sociétés, familles comprises. Cette philosophie va même jusqu’à considérer naïve toute posture de confiance en l’autre et, ce, spécialement lorsqu’il y a relation de pouvoir. En ce sens, le film Cendrillon contraste énormément avec cette attitude qui consiste, au nom de la lucidité, à se méfier de tout et de tous. Au contraire, plusieurs éléments du film vont dans un tout autre sens. [Read more…]

Réouverture de la Porte sainte de Notre-Dame de Québec le 12 décembre 2015

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Jubilé de la miséricorde par le pape François

L’Année sainte annoncée
signifie la réouverture de la
Porte sainte de Notre-Dame de Québec
le 12 décembre 2015

Québec, le 17 mars 2015 – À l’occasion du second anniversaire de son pontificat, le pape François a annoncé qu’une Année sainte de la miséricorde sera lancée le 8 décembre 2015 (solennité de l’Immaculée Conception), par l’ouverture de la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Ce jubilé fait en sorte que les 6 autres Portes saintes au monde seront aussi ouvertes pour l’occasion, dont celle de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.

Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, a partagé la joie du diocèse de s’unir au pape François en cette Année de la miséricorde : «  Après le 350e anniversaire de Notre-Dame de Québec, ce sera un jubilé que nous célébrerons avec toute l’Église universelle. Le thème de la miséricorde touche le cœur de la vie de toutes les femmes et de tous les hommes. Cette année nous permettra de redécouvrir la miséricorde de Dieu qui nous ouvre les bras et nous invite à sa rencontre. »

Pour Mgr Denis Bélanger, curé de la paroisse Notre-Dame de Québec, cette annonce lance un beau défi à son équipe : «  L’aire d’accès à la Porte sainte devait être démantelée au mois de mai ! Nous garderons bien sûr cette structure pour permettre de traverser de nouveau la Porte sainte dès le 12 décembre prochain. Même fermée, nous attendons des pèlerins qui viendront se recueillir à la Porte tout au long des prochains mois. L’appel à la miséricorde lancé par le pape François nous interpelle beaucoup et nous serons heureux de vivre une nouvelle année de Jubilé, même si nous l’attendions seulement en 2025. »

L’ouverture de cette année jubilaire coïncidera avec le 50e anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II en 1965. L’Année sainte se déroulera jusqu’au 20 novembre 2016, en la fête du Christ Roi.

L’annonce officielle et solennelle de l’Année sainte sera faite le dimanche de la Miséricorde Divine,  célébrée le deuxième Dimanche de Pâques, le 12 avril. La dernière Année sainte, remonte au Jubilé de l’année 2000. Le dernier Jubilé extraordinaire, l’Année sainte de la Rédemption, s’était déroulé en 1983, pendant le pontificat de Jean-Paul II.

Publication d’un nouveau Directoire pour l’homélie (2e partie)

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Image: Courtoisie de CNS

Comme nous l’avons dit dans le blog précédent, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements vient de publier un nouveau Directoire qui se veut en continuité au monition du pape François pour qui « un prédicateur qui ne se prépare pas, qui ne prie pas « est malhonnête et irresponsable » (EG, 145) et un « faux prophète, un escroc ou un charlatan sans consistance » (EG, 151). Le document propose donc une réflexion, à la fois, théorique et pratique sur l’homélie.

On retrouve dans la première partie une réflexion visant à promouvoir une meilleure connaissance de la nature de l’homélie. L’homélie est, dans l’Église catholique, intimement liée à la célébration de l’Eucharistie puisque les deux s’insèrent dans la même logique. En effet, comme l’Eucharistie rend présent, à la fois, le sacrifice rédempteur de l’humanité et la glorification parfaite de Dieu, l’homélie doit être non seulement orientée vers la sanctification des hommes mais également servir à la glorification de Dieu. Ainsi, « l’homélie est une hymne d’action de grâces pour les magnalia Dei : elle annonce aux membres de l’assemblée que la Parole de Dieu s’accomplit dans le fait qu’ils l’écoutent et la reçoivent, et, bien plus, qu’ils louent Dieu pour cet accomplissement. » (no 4). Pour ce faire, le document poursuit en donnant quelques orientations.

On montre dans un premier temps ce que l’homélie doit éviter: longueur excessive, exercice d’exégèse biblique, enseignement catéchétique, témoignage personnel (no 6). Toutefois, on montre que ces éléments peuvent parfois être utilisés tout en restant des moyens utiles. « Comme le feu, affirme t-on, tous ces éléments sont de bons serviteurs, mais de mauvais maîtres; ils sont bons dans la mesure où ils sont utiles à la fonction de l’homélie. » (no7). Quelle est donc cette fonction de l’homélie ? Le document répond à cette question en la déployant dans sa dynamique composée de 3 mouvements distincts : 1) le « mystère pascal du Christ est annoncé par les lectures et l’homélie ». En ce sens, « l’homélie consiste en une extension de la proclamation des lectures » (no 12) ; 2). Le deuxième mouvement de l’homélie a pour but « d’aider la communauté à mieux entrer dans la célébration eucharistique » ou, en d’autres termes, à s’unir au « sacrifice de la Messe (no. 13) ; 3) enfin, l’homélie doit disposer d’une conclusion qui doit aider les fidèles à réaliser « qu’ils ont pour mission de porter l’Évangile dans le monde par le témoignage de leur vie quotidienne » (no14). [Read more…]

Publication d’un nouveau Directoire pour l’homélie

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Image: Courtoisie de CNS

On le sait, depuis le début de son pontificat, le pape François a beaucoup insisté sur l’importance de l’homélie dans la vie de l’Église. Deux exemples suffisent pour nous en convaincre. D’abord, le document programmatique de son pontificat, l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium qui consacre une vingtaine de pages à cet art de la prédication ainsi qu’à sa juste préparation. Dans un deuxième temps, et c’est peut-être l’élément le plus spécifique de son pontificat, ses homélies quotidiennes dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe au Vatican.

De ce dernier élément, nous pouvons tirer deux conclusions. D’abord, contrairement à ce que certains ont pu dire, la liturgie est pour le pape François, un élément extrêmement important de la vie chrétienne. De fait, beaucoup pourraient dire « pourquoi prend-il ce temps, il a d’autres choses à faire que de préparer des homélies tous les jours »? Je crois que ses homélies journalières sont pour le pape François l’occasion de soustraire tous les prêtres du monde à la tentation de se croire trop occupés pour préparer leurs homélies. En effet, s’il y a un évêque dans le monde qui pourrait utiliser cette excuse et, ainsi, ne pas préparer une homélie journalière, c’est bien lui ! Au contraire, pour le pape François, rien n’est plus important dans la vie de l’Église qu’une célébration liturgique complète. Ce qui implique une prédication bien préparée. Dans un deuxième temps, si réforme de l’Église il y a, elle passe par la liturgie et spécialement par l’homélie puisque c’est par elle que les catholiques peuvent réaliser la mission de l’Église soit la glorification de Dieu et la sanctification des hommes. C’est en ce sens que doit être comprise la publication du Décret sur Elector: Guinean Cardinal Robert Sarahl’homélie par la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements. Ce Décret, présenté ce matin par le Cardinal Robert Sarah (Préfet de cette même congrégation), Mgr Arthur Roche  (secrétaire), le P. Corrado Maggioni, SMM, (sous-secrétaire), et M. Filippo Riva du Conseil pontifical pour les communications sociales, vise d’abord et avant tout à aider les prédicateurs à bien exercer cette charge si centrale dans la vie de l’Église.

D’un point de vue descriptif, ce document est destiné aux évêques, aux prêtres et aux diacres puisque l’homélie « leur est strictement réservée » (no 5). Il se veut être un instrument à leur usage pour les aider à rendre l’homélie plus conforme à la « loi d’attraction » (EG # 14, 95, 131) et qui permet au Christ, encore aujourd’hui, de dire « j’attirerai à moi tous les hommes» (Jn 12, 32). Pour ce faire, le document oriente la réflexion sur le fait qu’il est important que soit aujourd’hui redécouvert : « le lien intrinsèque entre la Sainte Écriture et le culte » (no1). Cette profonde relation doit prendre vie et se manifester tout spécialement dans l’homélie. En effet, dans l’homélie, l’Écriture Sainte se fait proche des gens puisque le prêtre actualise la Parole de Dieu pour qu’elle rejoigne « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » (GS no1). Aussi, l’homélie permet aux catholiques de comprendre le lien entre leur vie quotidienne et le Mystère qu’ils sont sur le point de célébrer. Pour bien comprendre ce lien fondamental, le Directoire « s’efforce de regrouper les évaluations des cinquante dernières années, de les considérer avec un regard critique, d’aider les prédicateurs à mettre en valeur la fonction de l’homélie, et leur offrir ainsi un guide dans l’accomplissement d’une mission si essentielle pour la vie de l’Église » (no3). Nous explorerons plus en détails ce document dans le prochain blog demain matin.

L’expérience personnelle d’un Père synodal

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Corriveau John 1L’expérience personnelle d’un père du Synode

Par Révérend John Corriveau, OFM Cap.
Évêque de Nelson, Colombie-Britannique

Entre 1994 et 2012, j’ai eu le privilège de participer à cinq Assemblées du Synode des évêques. Ces cinq Synodes ont représenté une grande variété de défis pour l’Église : Le rôle de la vie consacrée dans l’Église et le monde (1994), l’Assemblée spéciale pour l’Amérique (1997), l’Assemblée spéciale pour l’Océanie (1998), L’Eucharistie, Source et Sommet de la vie et de la mission de l’Église (2005) et le Synode sur la Nouvelle Évangélisation et la transmission de la foi (2012).

Le Synode de 1994 a été inauguré par le pape Paul VI pour donner une expression concrète à la nature collégiale de la gouvernance dans l’Église. Ce fut certainement mon expérience. Pour quatre de ces cinq synodes, je n’étais pas encore évêque. Ce qui signifie que j’étais perché tout en haut de la Salle du Synode d’où je pouvais voir tous les délégués réunis en provenance des quatre coins du monde, le vrai visage de notre humanité. Ce fut une grâce pour moi que de faire l’expérience de la diversité et de l’unité palpable comme il est dit dans les Actes des apôtres : « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Acts 2,11). Le pape Paul VI voyait aussi dans le Synode l’instrument privilégié pour continuer l’esprit réformateur du Concile Vatican II. En effet, Vatican II avait mis en branle la plus profonde reconsidération de l’identité de l’Église depuis le Concile de Trente : « l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (LG, 4). La théologie de communion est le fil conducteur de tous les Synodes. Pour moi, le Synode manifeste son fondement trinitaire par la communion de l’Église en soulignant le fait que la communion n’est pas simplement une conséquence sociologique de la Foi mais un élément constitutif de la Foi elle-même. Être Église signifie être immergé dans cette dynamique qu’est la relation toujours créative de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. [Read more…]

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