Église en Sortie 23 novembre 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit le ministre provincial des Franciscains du Canada Pierre Charland o.f.m. pour parler de l’encyclique du Pape François « Fratelli tutti ». On vous présente la chronique des actualités de la rue avec l’abbé Claude Paradis. Dans la troisième partie de l’émission, on parle de la vie religieuse en ce temps de COVID-19 avec la supérieure provinciale de la Congrégation Notre-Dame, Sr. Francine Landreville CND.

Noël et la Vierge Marie avec Thérèse Nadeau-Lacour

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la figure de Marie dans les célébrations de la fête de Noël avec l’auteur et théologienne Thérèse Nadeau-Lacour. Sont notamment abordés les thèmes de l’Avent, de Noël, et de ce qu’implique son titre de « Mater et Magistra » c’est-à-dire de Mère et d’enseignante de vie spirituelle. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Sainte Marie-de-l’Incarnation avec Thérèse Nadeau-Lacour (1/2)

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis reçoit la théologienne et auteur Thérèse Nadeau-Lacour pour un premier entretien sur la vie et l’œuvre de sainte Marie-de-l’Incarnation (1599-1672). Religieuse ursuline, fondatrice des Ursulines de la Nouvelle-France, cette mystique du « nouveau monde » est aujourd’hui considérée comme la mère de l’Église et de l’éducation au Québec. Dans cet épisode, sont abordés les différentes étapes de sa vie ainsi que la profondeur spirituelle d’une vie donnée au service de l’évangélisation et la construction de l’Église en Canada.

L’éternité: rêve ou réalité ? avec Jean-François Gosselin

Cette semaine, dans le cadre de son balado Parrêsia, Francis Denis s’entretient de l’éternité avec l’auteur du livre « L’éternité : rêve ou réalité » le théologien, auteur et mathématicien de formation, Jean-François Gosselin, détenteur d’un doctorat en théologie de l’Université Saint-Paul à Ottawa qui lui a valu la Médaille d’or académique du gouverneur général du Canada. Sont donc abordés des thèmes comme les fins dernières, les différentes conceptions du temps sans oublier les conséquences pratiques qu’une telle espérance peut avoir dans la vie concrète des gens.

Église en Sortie 20 janvier 2020

Cette semaine à Église en Sortie on parle de l’éducation et de la culture générale en 2020 avec le philosophe et auteur Louis-André Richard. On vous présente un reportage sur la célébration d’ouverture du 400e anniversaire de sainte Marguerite Bourgeoys. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis s’entretient de la vie et de l’oeuvre de l’abbé Pierre Gravel avec l’historien et auteur Alexandre Dumas.

Deux hommes, une seule Épouse

Jeudi dernier était publié le tout nouveau livre du cardinal Robert Sarah intitulé « Des profondeurs de nos cœurs » dans lequel se trouve un texte inédit du pape émérite Benoît XVI. Cet ouvrage, à la fois théologique et profondément spirituel, offre de nombreuses réflexions sur le sacerdoce ministériel ainsi que le fruit de leurs expériences du sacrement de l’Ordre vécu « de l’intérieur ». De par leurs différentes approches, ce livre est une double variation sur un même thème. L’apport de Benoît XVI est foncièrement théologique. Écrit dans le style personnel et exégétique auquel il nous avait habitué dans sa série « Jésus de Nazareth », le pape émérite s’efforce de montrer la continuité du sacerdoce de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance. Le ton et la structure du texte du Cardinal Sarah est plus apologétique, cherchant à répondre directement aux questions actuelles touchant le célibat sacerdotal. Bref, il y en a pour tous les goûts.

Une polémique qui en dit beaucoup

Inutile de revenir sur la polémique qui a entouré la parution de ce livre. L’analyse de la journaliste Philippine De Saint-Pierre sur la question me semble suffisante. Toutefois, l’immense imbroglio qu’a suscité l’annonce de la participation de Benoît XVI à ce livre qui, globalement, fait ouvertement la proposition du célibat sacerdotal, me questionne. Que des groupes d’intérêt fassent d’une cause quelconque leur cheval de bataille idéologique est, à tout le moins, acceptable dans le cadre de la politique. Il en va autrement lorsqu’il s’agit de traiter des mystères divins. Cette polémique a démontré que, de part et d’autre, certains étaient prêts à traiter le sacrement de l’Ordre comme l’instrument par lequel ils distingueraient les « purs » des « impurs ». Nous devons sortir de cette logique d’opposition qui, peu importe notre opinion, nous éloigne du sujet traité et obscurcit notre jugement. Se concentrer sur le contenu de ce livre me semble être une attitude beaucoup plus constructive et plus à même de considérer le pour et le contre de la question. C’est ce à quoi je vous invite maintenant.

Benoît XVI : penseur de la continuité

Le texte de Benoît XVI, d’une quarantaine de pages, nous présente les plus récentes réflexions du Pape émérite sur les causes de la « crise durable que traverse le sacerdoce » (p.29). Comme c’était le cas dans sa série « Jésus de Nazareth », son jugement se porte sur un « défaut méthodologique dans la réception de l’Écriture » (p.29). Sans la nommer, on entend ici le monopole de l’exégèse historico-critique très populaire au XXe siècle et qui a porté jusqu’à la marginalité la lecture « christologique ». Indispensable pour comprendre la cohérence et, donc, « la continuité » (p.58) du sens de l’Écriture entre l’Ancien et le Nouveau Testament, son abandon dans de nombreux cercles de l’Église a pu créer de la confusion, spécialement dans la compréhension du sacerdoce ministériel catholique; d’où la « crise du sacerdoce » (p.43-44) postconciliaire et les nombreuses défections dans les années 70.

La grande partie du texte de Benoît XVI s’attarde à démontrer le lien de causalité entre la distorsion du cadre conceptuel de la réception de l’Écriture dans l’Église et cette crise aux visages multiples. Analysant plusieurs pans de la Bible, le pape émérite s’efforce de manifester, à la fois, l’absence de contradiction entre le sacerdoce vétérotestamentaire et celui de l’Église mais également la continuité de l’exigence du célibat sacerdotal (p.47). Ces réflexions profondes, parsemées de remarques personnelles faisant de lui un témoin à la première personne des vérités qu’il énonce, méritent d’être méditées et prises en compte aux plus hauts niveaux de l’appareil ecclésial. Je souligne au passage les lignes merveilleuses sur les liens de parenté entre la tribu de Lévi « qui ne possédait pas de terre en héritage » (p.52) et les exigences du sacerdoce catholique qui doit ne reposer que sur Dieu seul. Détaché des liens terrestres qui pourraient le détourner de Lui, le prêtre de la Nouvelle Alliance doit, accomplir ce lien entre « l’abstinence sexuelle et le culte divin » (p.47) d’Israël en faisant de toute sa vie le signe de cette dépendance totale à l’égard de Dieu. C’est « le chemin que j’ai parcouru tout au long de ma vie » (p.71)conclut-il.

Une défense assumée du célibat sacerdotal

La deuxième et la plus volumineuse partie du livre est intitulée « aimer jusqu’au bout : regard ecclésiologique et pastoral sur le célibat sacerdotal ». L’auteur, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour la liturgie et la discipline des sacrements, opère une défense en bonne et due forme du célibat sacerdotal. Le ton est grave et affirme sa légitimité de par le cœur d’un évêque qui « s’inquiète » (p.76), ayant lui-même « reçu de nombreux prêtres désorientés, perturbés et meurtris au plus profond de leur vie spirituelle par les remises en cause violentes de la doctrine de l’Église » (p.76). Dès le départ, on est plongé dans l’actualité la plus immédiate, celle du récent Synode des évêques sur l’Amazonie et sa requête d’ordination des viri probati (hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral). Le lecteur est d’emblée devant la ferme conviction du cardinal guinéen, lui qui a assisté à toutes les séances. Il écrit que les échanges qu’il a eus avec les acteurs sur le terrain :

« M’ont conforté dans l’idée que la possibilité d’ordonner des hommes mariés représenterait une catastrophe pastorale, une confusion ecclésiologique et un obscurcissement dans la compréhension du sacerdoce » (p.78).

Bien que clair dans son propos, le cardinal issu d’une terre africaine récemment évangélisée, souhaite susciter, à l’instar du récent livre du cardinal Ouellet (p.90), une attitude de prudence des autorités ecclésiales à ne pas aller « trop vite » (p.77). Il exhorte  à faire preuve de discernement face à des changements qui pourraient avoir d’énormes conséquences directes et indirectes sur la vie de l’Église et le salut du monde.

On ne saurait passer sous silence le nombre et la force des arguments pour le maintien de la règle, entre autres, « disciplinaire » (p.98) découlant « du lien ontologique entre le ministère sacerdotal et continence » (p.95). Cléricalisation du laïcat (p.115), approximations historiques d’un célibat considéré comme purement disciplinaire (p.91-94), instrumentalisation de la détresse des pauvres (p.90), projections romantiques du clergé oriental (p.95), obscurcissement du sens nuptial du sacerdoce (p.101), primauté de la raison fonctionnelle (p.116-118), pélagianisme institutionnel (p.119), création de deux classes de clergés (p.86), séparation de la tria munera (prêtre, prophète et roi) (p.128), néocolonialisme et infantilisme (p.136), illusion de l’église occidentale en faillite apostolique (p.140) ne sont que quelques exemples des effets négatifs soulignés par le préfet romain. En ce sens, ce livre est une véritable litanie des erreurs perçues comme implicites à la proposition du Synode sur l’Amazonie et dont le (photo: CNS/Paul Haring) document final mentionnait la possibilité « d’ordonner prêtres des hommes idoines[…]pouvant avoir une famille » (no 111). Une chose est certaine, aucune de ces critiques ne doivent être prises à la légère.

Outre cet objectif, disons, à court terme, j’ai vu dans ce texte aussi senti qu’engagé, le témoignage concret d’un pasteur qui cherche à éloigner tous les doutes qui peuvent planer contre le célibat sacerdotal. Les études sur ce thème nous ont malheureusement habitués au langage théologique qui pourrait sembler désincarné et loin de la réalité concrète des gens; ce qui a pu influencer l’actuelle incompréhension de certains catholiques eux-mêmes envers ce don du célibat (p.90). Or ce livre a justement le génie d’offrir à la présentation des nombreuses raisons théologiques, sociologiques et psychologiques en faveur du célibat la richesse et la profondeur de son expérience de pasteur. À travers les pages, on assiste au déploiement de l’irruption de la présence de Dieu dans l’histoire humaine par l’entremise de cette vie du prêtre totalement donnée dans le célibat.

Un ensemble cohérent

Une lecture attentive de ce livre fort intéressant suffit à en concevoir la profonde unité. Bien que le ton et l’approche des deux auteurs soient clairement différents, on y sent l’attachement profond de deux hommes envers leur Épouse commune. Que ce soit par la douceur de l’analyse scripturaire d’un Benoît XVI avancé en « âge » (p.29) ou la fougue d’un cardinal Sarah à la défense de l’unicité du sacrement qui l’a configuré au « Christ-Époux » (p.84), la lecture de cet ouvrage ne saurait faire autrement que nous émouvoir devant l’ardeur et la passion de ces hommes pétris par leur engagement sponsal envers cette Église qu’ils aiment de tout « leur cœur ». J’en recommande fortement la lecture.

Église en Sortie 13 janvier 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit l’abbé François Jacques pour parler de son plus récent livre « Viens et vois : l’initiation chrétienne aujourd’hui ». On vous présente la première chronique des actualités de la rue 2020 avec l’abbé Claude Paradis. Dans la troisième partie de l’émission, l’éditrice chez Médiaspaul Canada Sophie Brouillet, nous parle de la théologienne Marie-Thérèse Nadeau autour du livre « La foi joyeuse ».

Palmarès des 5 meilleurs livres québécois en 2019

Chaque année au mois de novembre a lieu le Salon du livre de Montréal. Pour l’occasion, des milliers de personnes se rendent à ce rendez-vous incontournable de la production littéraire au Québec. Cette grande foire du livre est donc le moment, tant pour les éditeurs que pour les lecteurs, de faire connaissance et découvrir les plus récentes nouveautés. C’est également une opportunité pour réfléchir sur la condition de la production littéraire francophone au Québec et dans le monde ainsi que de faire le point sur les différentes publications de la dernière année. Étant moi-même un passionné de lecture et ayant l’immense plaisir de rencontrer de nombreux auteurs chaque année dans le cadre de mon émission hebdomadaire Église en sortie, je vous propose mon palmarès 2019 des livres qui m’ont personnellement le plus marqué.

La Dévotion moderne de Pierre Hurtubise o.m.i. 

Sorti récemment, le livre de Pierre Hurtubise o.m.i., intitulé La dévotion moderne, nous présente un portrait historique et théologique du mouvement spirituel du 14siècle appelé « Dévotion moderne ». Relatant le contexte de crise dans lequel ce mouvement est apparu, l’auteur nous fait rencontrer des personnages très intéressants qui cherchaient à mettre Dieu au centre de leur vie dans un contexte où régnait l’hégémonie de la spiritualité des ordres religieux. Cherchant à mettre de l’avant la particularité de chaque personne, la Dévotion moderne semble plus que jamais correspondre aux caractéristiques de notre culture contemporaine. Pierre Hurtubise nous dresse ici un portrait tout en nuances de cette école de spiritualité, provenant de l’Europe du nord et dont l’influence s’est projetée notamment sur la vie et l’œuvre de saint Ignace de Loyola. À lire.

De l’éducation libérale… sous la direction de Louis-André Richard

Le collectif publié sous le titre « De l’éducation libérale : Essai sur la transmission de la culture générale » est une de mes belles trouvailles cette année. Écrit sous la direction du philosophe Louis-André Richard, ce livre pose l’urgente question de la transmission de la culture générale. Composé de texte inédits de figures incontournables des débats portant sur le thème de l’éducation des dernières années, comme Thomas De Koninck, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté, ce livre nous propose de nombreuses réflexions sur la nécessité d’une éducation centrée sur le développement de l’ensemble des dimension de la personne humaine et son épanouissement global. La lecture de cet ouvrage nous invite à réfléchir sur la condition humaine, le rôle de la civilisation, l’université, l’autonomie en pédagogie, etc.  S’inscrivant dans la prise de conscience du philosophe américain Allan Bloom qui, dans son livre « L’âme désarmée » se désolait de l’absence de goût pour la recherche de la vérité chez les jeunes, ce livre saura redonner de l’espoir à tous les éducateurs qui refusent de laisser la culture sombrer dans l’ingratitude et la suffisance.

J’étais incapable d’aimer de Brigitte Bédard

Le grand succès du livre-témoignage J’étais incapable d’aimer de Brigitte Bédard et, même, son rayonnement international devrait suffire à nous convaincre de la pertinence de cet ouvrage. Nous sommes invités à suivre le parcours tumultueux d’une femme dont le dynamisme n’a d’égal que son franc-parler. Faisant une relecture de son histoire personnelle, Brigitte se rend compte comment ses multiples expériences passées étaient, en fait, une recherche de cet Amour absolu qu’est Dieu. Depuis ses études littéraires alors qu’elle s’affirmait féministe et athée convaincue, jusqu’au jour de sa conversion par l’entremise d’un moine de Saint-Benoît-du-Lac qui lui présente un visage crédible de la personne du Christ, ce livre manifeste la puissance de la Grâce de Dieu et la force d’accueil d’une vie assoiffée de vérité et d’authenticité. Beau cadeau à mettre sous le sapin !

L’empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté

Le plus récent essai de Mathieu Bock-Côté intitulé « L’empire du politiquement correct » nous fait un portrait très intéressant des différents intérêts derrière la logique qui orientent l’univers médiatique. Cherchant à décortiquer, à la fois, le langage et les idéologies que cet univers représente subrepticement, le sociologue québécois nous offre un instrument d’analyse capable de raffiner notre sens critique. Ainsi, nous pourrons être plus libres devant les intérêts médiatiques et politiques qui cherchent souvent à nous manipuler dans un sens ou dans l’autre. Pour nous catholiques, ce livre nous en apprend beaucoup sur les raisons derrière le traitement souvent négatif dont fait l’objet l’Église dans les médias. J’en recommande la lecture à tous ceux qui sont, à la fois, conscients de la centralité des médias dans nos sociétés et ayant à cœur l’honnêteté (la « parrêsia »)si chère au pape François. Un instrument incontournable pour tout ceux qui travaillent à la création d’une culture de la rencontre.

Les relations entre l’Église et l’État de Taschereau à Duplessis
par Alexandre Dumas

L’étude poussée sur les relations entre l’Église et l’État de Taschereau à Duplessis d’Alexandre Dumas, jeune historien québécois, constitue le dernier, et non le moindre, des livres qui m’ont particulièrement marqué cette année. Travaillant à manifester la complexité de l’évolution des relations entre l’Église et l’État, Alexandre Dumas pose une pierre importante à l’édifice d’une vision équilibrée de l’histoire du Québec. Ces pages nous invitent donc à côtoyer non seulement des figures importantes de notre histoire politique mais également des figures trop peu connues et peu étudiées du clergé de cette époque. On y découvre des jeux d’alliances et de coulisses qui mettent en perspectives de nombreux préjugés qui ont gardé dans l’ombre cette période fascinante de notre histoire. Je recommande cette lecture à tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans la « guérison de la mémoire » à laquelle nous ont invités les évêques du Québec.

Une production littéraire digne d’éloge

L’année 2019 fut sans contredit une année importante sur le plan de la production littéraire au Québec. À l’heure où l’on s’interroge de plus en plus sur la langue française ou l’intérêt des plus jeunes pour la lecture, les publications de 2019 nous offrent le contenu nécessaire pour susciter l’intérêt de toutes les générations. Bonne lecture à tous !

Église en Sortie 14 octobre 2019

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit le père Yoland Ouellet o.m.i. pour parler du mois missionnaire extraordinaire. On vous présente un reportage sur l’assemblée automnale de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec à Trois- Rivières. Dans la troisième partie de l’émission, on parle des élections fédérales 2019 avec le vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et évêque de Saint-Jérôme Mgr Raymond Poisson.

« Hebdomada Papae » : j’en perds mon latin !

(Credit photo: Vatican Média) Le 8 juin dernier, une nouvelle émission radiophonique entrait en ondes sur Radio Vatican. Intitulé « Hebdomada Papae: notitiae vaticanae latine redditae », ce radiojournal a la particularité d’être diffusé dans la langue de Cicéron : le latin. Offrant des nouvelles hebdomadaires sur les événements significatifs de l’agenda du Pape, cette « nouveauté » semble paradoxalement anachronique. En effet, quelle utilité une telle émission peut-elle avoir en 2019 ? À qui peut bien s’adresser une telle programmation ? Loin de l’uniformisation actuelle de l’univers Podcast qui tend à généraliser l’usage de l’anglais, il me semble que cette initiative met de l’avant l’attachement de l’Église pour la diversité des cultures et pour sa propre tradition.

Un patrimoine vivant

L’intention avouée d’Andrea Tornielli, directeur éditorial de Vatican News, est de « faire revivre la langue officielle de l’Église catholique ». En effet, lorsque l’on parle de la langue latine, c’est souvent avec réticence. « C’est une langue morte ! » ou encore « Ça ne sert à rien !» ne sont que deux exemples de la myriade de préjugés tenaces qui continuent d’être véhiculés contre elle par la culture actuelle. Or,comme le dit le pape François :

Nous voyons aujourd’hui une tendance à homogénéiser les jeunes, à dissoudre les différences propres à leur lieu d’origine, à les transformer en êtres manipulables, fabriqués en série. Il se produit ainsi une destruction culturelle qui est aussi grave que la disparition des espèces animales et végétales. (CV no186)

Cette préservation d’une connaissance de base de la langue latine est donc constitutive d’une véritable « écologie intégrale » (LS no 145). Cela est vrai pour de nombreuses raisons. D’abord, l’universalité de l’Église requiert qu’elle ait une langue propre. N’étant ni française, ni anglaise, ni italienne, ni chinoise mais bien « catholicos », l’Église ne pourrait faire de l’une d’ elles sa langue officielle sans être perçue comme privilégiant une culture au détriment des autres. Pour les églises particulières, la langue vernaculaire est de mise dans la plupart des cas. Toutefois, pour les églises de tradition et de rite latin, le Concile Vatican II demande « À ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble, en langue latine, aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent » (SC no 54). De fait, et cela va de soi, la grande majorité du patrimoine ecclésial ayant été écrit en latin, il est indispensable d’avoir une certaine connaissance des « éléments latins ».

Une langue construite sur du roc

Une autre raison majeure en faveur d’une redécouverte du latin découle des racines culturelles et linguistiques latines de la langue française. En effet, le français est une langue latine et de fait, s’enracine dans la logique syntaxique, grammaticale et étymologique de cette langue millénaire. Avoir une base de latin permet donc de saisir la profondeur et la polysémie des termes, mots et concepts que nous utilisons tous les jours. À l’heure où l’on constate une perte de la richesse , une fragilisation de la présence francophone au Québec  ou du déclin de la qualité du français à tous les niveaux , il me semble qu’un certain retour au latin ne serait pas superflu. En effet, il m’apparaît contradictoire de prétendre chérir la langue française tout en négligeant une connaissance et une appréciation de base de ses racines. Notre langue française ne fut pas bâtie sur du « sable » mais sur le « roc » (Mt 7, 25-27) du latin. Affaiblir l’un allait forcément entraîner l’affaiblissement de l’autre.   Comment pouvoir sensibiliser et propager l’amour d’une langue sans en connaître les racines ? Et comment les francophones du Canada pourraient-ils redécouvrir ce patrimoine si l’Église Elle-même le négligeait ?

Ainsi, puisque trop souvent « les limites culturelles des diverses époques ont conditionné cette conscience de leur propre héritage éthique et spirituel, […]c’est précisément le retour à leurs sources qui permet aux religions de mieux répondre aux nécessités actuelles » (LS no 200) . Le patrimoine littéraire, religieux et linguistique du latin mérite d’être connu et utilisé. C’est ce que cette nouvelle émission radiophonique concrétise. Placet !

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