L’importance du ressourcement spirituel chez les jeunes


Photo: © CNS photo/Vatican Media

Récemment, je suis allée au Sanctuaire Marie Reine de Cœurs avec une communauté hispanophone pour un pèlerinage d’une journée. Ayant déjà participé à plusieurs pèlerinages et retraites, je sentais ce désir d’aller avec ma petite famille pour approfondir ma foi. D’ailleurs, j’ai remarqué au courant de ses dernières années que peu de jeunes participent à un pèlerinage. Cela m’amène à un point : les jeunes ne se sentent pas interpellés. Mais pourquoi? N’avons-nous donc pas tous un désir de grandir, d’approfondir non seulement la foi, mais surtout notre identité en tant qu’être humain, ou, du moins, en tant que personne désireuse d’un avenir meilleur? Pourtant, c’est dans ce silence et ce dégagement entier de toutes préoccupations humaines qu’on peut plus se connecter à Dieu. C’est une façon de méditer et prier concernant nos réflexions de viepour en sortir avec des solutions, sentir la présence du Seigneur, ou du moins, se sentir allégé et confiant que tout repose dans les mains de Dieu.

Alors pourquoi les jeunes ne sentent pas le besoin de se retirer un peu de notre société qui est, après tout, constamment mouvementée? Peut-être parce qu’ils y sont habitués depuis leur naissance et donc ne ressentent pas ce besoin. Ou peut-être encore qu’avec le désintérêt qu’attribue la génération des milléniaux à la religion, ou du moins à la spiritualité, il est un tant soit peu normal que ce besoin soit complètement enseveli.  Pourtant, la société d’aujourd’hui va tellement vite qu’ils ne prennent pas le temps, ou bien ne choisissent pas de prendre le temps de ralentir. Avec tout ce qu’on vit, je pense qu’il faut accorder une place primordiale à se recentrer, se connecter à Dieu pour ensuite se sentir plus libre de toutes préoccupations, puisqu’on sait qu’après toute retraite spirituelle nous grandissons et nous comprenons qu’il faut simplement faire confiance à Dieu.

Celui qu’on essaie d’imiter, a Lui-même fait plusieurs retraites spirituelles. Nous pouvons prendre exemple lorsque Jésus se retirait loin de la foule et loin de tout pour prier son Père (Mt 14.22-23; Lc 9.28). Il voulait simplement être en communion avec son Père, et nous devons faire pareil. Il a prôné l’exemple à suivre. Pour être en communion avec le Saint Père, nous devons prendre le temps de nous retirer en silence et accorder une priorité pour approfondir notre relation avec Dieu.

Plusieurs jeunes pourraient dire qu’un pèlerinage ou une retraite est une perte de temps. Pourquoi se retirer et aller ailleurs pour méditer si on peut le faire chez nous? Pour répondre à cette question, j’invite fortement les jeunes à sortir de leur zone de confort simplement pour faire l’essai. Nous devons essayer en premier avant d’en tirer des conclusions. Le Pape François nous rappelle constamment qu’il faut sortir de notre zone de confort pour aller annoncer la bonne nouvelle et aider notre prochain. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire. Grâce à une activité de pèlerinage ou une retraite spirituelle, nous ne pouvons que sortir gagnant puisque nous prenons le temps d’apprendre plus sur nous même, mais surtout, on se rend disponible à l’écoute de la Parole de Dieu. Avec ces outils spirituels, nous pouvons accomplir notre devoir de chrétien.

Nous écoutons souvent cette fameuse phrase qui parle du « lâcher-prise ». Plusieurs jeunes d’aujourd’hui veulent révolutionner le monde et des jeunes chrétiens cherchent une façon propice pour évangéliser et propager la bonne nouvelle autour du monde. Ce qui peut être très bien. Par contre, il est important de se rappeler que rien ne peut être totalement fait et accomplit sans l’aide du Seigneur. Alors, si nous accordons un peu de temps pour se connecter à Dieu, nous comprendrons qu’il faut simplement mettre TOUT dans les mains de Celui qui a tout créé, entre-autres, le « lâcher-prise ».

J’invite tous les jeunes du monde à prendre du temps pour soi-même, en compagnie de Dieu, à prendre du recul sur ses priorités, ses relations, ses préoccupations de vie pour revenir et en sortir meilleur. En allant à un pèlerinage ou une retraite spirituelle, nous nous recentrons sur l’essentiel pour faire place au nouveau et nous visons une nouvelle intimité avec Celui qui est la source de la vie. Dans le profond de notre cœur, on fait place au silence pour pouvoir entendre sa voix, sa présence et de cette manière lui dire « Seigneur me voici pour faire ta volonté » (Ps, 39).

Maribel Mayorga-Espinoza

Église en sortie 5 octobre 2018

Cette semaine à Église en sortie, on parle du livre La responsabilité cosmique de l’humanité : un examen critique de Laudato Sì avec Philippe J. Crabbé, auteur et professeur d’économie des ressources naturelles et de l’environnement à l’Université d’Ottawa. On vous présente un reportage sur la saison 2018 du Festival de l’Assomption au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap de Trois-Rivières. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit le théologien et auteur Jacques Gauthier sur son plus récent livre Georgette Faniel, le don total. Biographie spirituelle.

Nunzio Sulprizio: modèle de patience et de gentillesse dans la souffrance

Laïc italien (a travaillé comme apprenti forgeron)
Jour de fête : 5 mai
13 avril 1817 – 5 mai 1836

Nunzio Sulprizio est né le 13 avril 1817, alors que lEurope connaissait une grande famine, mais cette épreuve na pas été laspect le plus difficile de son enfance. Quand son père mourut, il navait que trois ans et deux ans plus tard, sa mère mourut également. Au milieu de ces tragédies, Nunzio a été envoyé chez sa grand-mère, mais elle est également décédée alors quil navait que huit ans. Il a pu supporter une telle perte, en partie parce qu’il prenait le temps dassister à la messe, même encore petit garçon, apprenant à connaitre Dieu et à suivre lexemple de Jésus et des saints et des saintes.

La douleur de perdre parents et grand-mère à un si jeune âge aurait semblé suffisante pour quiconque, pourtant l’enfant continua d’éprouver des difficultés dans sa vie, ayant été envoyé chez un oncle qui était violent et cruel. Cet oncle na pas permis à Nunzio daller à lécole et la plutôt engagé comme apprenti forgeron. Malheureusement pour le garçon, la réalité était moins celle dun apprentissage que celle dune servitude. Son oncle était dur avec lui, le battant souvent ou ne le nourrissant pas adéquatement, et si l’oncle croyait que son neveu avait besoin dêtre réprimandé ou corrigé, il le traitait plus durement.

Un jour, en 1831, la situation devint trop pénible pour Sulprizio. Son oncle lenvoya chercher du matériel dans les collines. Il revint de ce travail épuisé ce soir-là, ayant une jambe enflée et une fièvre brûlante qui lobligea à se mettre au lit. Le lendemain matin, il saperçut quil ne pouvait plus se tenir debout. Bien que son oncle ait été indifférent à la situation, le travail avait visiblement été trop lourd pour Nunzio. Plus tard, son état fut diagnostiqué comme la gangrène dans une jambe.

Il devint très malade et, le 20 juin 1832, il entra à lhôpital des Incurables à Naples pour se faire soigner. Malheureusement, il y resta hospitalisé pour le reste de sa vie. Cétait une situation quil supportait avec beaucoup de patience en offrant sa douleur à Dieu. On lui attribue les paroles suivantes : « Jésus a tellement souffert pour nous et, par ses mérites, nous attendons la vie éternelle. Si nous souffrons un peu, nous goûterons à la joie du paradis. Jésus a beaucoup souffert pour moi. Pourquoi ne devrais-je pas souffrir pour lui ? Je mourrais pour convertir même un seul pécheur. » Cette foi et cette attitude lont amené à aider les autres autant qu’il le pouvait. Bien que souffrant lui-même, le jeune homme aidait les patients à lhôpital et faisait tout ce quil pouvait pour soulager leur misère.

Comme sa douleur persistait, les médecins décidèrent de lui amputer la jambe en 1835 et, même sil saméliorait parfois, sa situation devint sérieuse en mars 1836 ; sa fièvre et ses souffrances augmentaient. Nunzio est décédé deux mois plus tard, le 5 mai 1836, des suites de sa maladie prolongée et dun cancer des os. Il navait que 19 ans.

Durant sa souffrance, Nunzio a toujours été considéré comme un homme doux et pieux. En dépit de sa maladie, il a servi les autres et a été dévoué à sa foi. Des décennies plus tard, cette sainteté conduisit le pape Léon XIII à proposer Sulprizio comme un modèle pour les travailleurs. Lorsque le pape Paul VI le béatifia, le 1er décembre 1963, le Saint-Père le proposa également comme modèle pour les jeunes. Il est clair que par de petits moyens Nunzio a eu un effet puissant sur ceux qui lentouraient, sur lÉglise et sur le monde.

Vincenzo Romano: prêtre au milieu du peuple

Prêtre diocésain de larchidiocèse de Naples
Jour de fête : 20 décembre
3 juin 1751 – 20 décembre 1831

Vincenzo Romano est né à Torre del Greco, en Italie, le 3 juin 1751, dune famille pauvre, mais pieuse. Il a été baptisé Domenico Vincenzo Michele Romano, surnommé « Vincenzo » en lhonneur de Vincent Ferrer, le saint préféré de la famille Romano. Il passa les premières années de sa vie dans une atmosphère familiale très religieuse, étudiant les écrits de saint Alphonse de Liguori et acquérant une forte dévotion au Saint-Sacrement.

Bien que son père ait dabord espéré qu’il devienne un orfèvre, ce dernier soutint la décision de son fils de devenir prêtre. Au début, Vincenzo a eu du mal à se faire accepter à cause du nombre élevé de séminaristes et du clergé local, mais il fut admis au séminaire diocésain de Naples à lâge de 14 ans.

Ordonné en 1775, P. Romano a travaillé à la paroisse Sainte-Croix, qui comprenait à lépoque toute la ville de Torre del Greco, la ville la plus peuplée du territoire de Naples. Ses manières simples, sa préoccupation pour les enfants orphelins et son travail auprès des autres candidats à la prêtrise furent remarqués par de nombreuses personnes.

Après la terrible éruption du Vésuve le 15 juin 1794, qui détruisit presque complètement la ville et léglise paroissiale, il s’est immédiatement dévoué au difficile travail de reconstruction matérielle et spirituelle de la ville et de léglise. Il a consacré de nombreuses heures à l’organisation des efforts de reconstruction de la ville et était même prêt à travailler de ses propres mains pour nettoyer les décombres.

Bien que souvent opprimé par des groupes politiques et par son entourage, P. Vincenzo fit preuve de résilience tout au long de son séjour à Sainte-Croix et a veillé à toujours accorder une attention particulière à léducation des enfants et à lévangélisation de la population. On dit quil a été un prédicateur qui proclamait le message de lÉvangile dune manière simple et visant à éduquer les fidèles.

Malheureusement, le 1er janvier 1825, il est tombé et sest fracturé le fémur gauche, ce qui a entrainé un déclin constant de son état de santé. Il mourut dune pneumonie à Torre del Greco le 20 décembre 1831 après une longue et douloureuse maladie, mais a laissé un héritage de charité fraternelle engagée et de bonté. Reconnu pour sa sainteté et son dévouement envers son peuple, P. Romano a été béatifié par Paul VI le 17 novembre 1963 à Rome. Son corps ayant été enterré dans la basilique Sainte-Croix, cest là que Jean-Paul II la vénéré le 11 novembre 1990, lors de sa visite pastorale à léglise de Naples.

Suivant lexemple du Bon Pasteur, P. Vincenzo Romano était une figure simple, mais puissante pour les gens de Torre del Greco. Il a passé toute sa vie à guider la communauté dont il avait la direction, la confirmant dans la foi et lédifiant par son amour.

Maria Katharina Kasper: Une vie au service de Jésus-Christ

Vierge et fondatrice de l’Institut des Pauvres Servantes de Jésus-Christ
Jour de fête : 2 février
26 mai 1820 – 2 février 1898

Née à Dernbach, en Allemagne, Katharina Kasper était une enfant maladive et manquait souvent l’école. Cependant, la lecture était son passe-temps favori et elle aimait particulièrement la Bible et L’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis. Une fille extravertie au fort caractère moral, elle se rendait souvent avec sa mère dans un sanctuaire marial voisin et y emmenait d’autres enfants, leur racontant des histoires sur Dieu et Marie. Cest durant ces premières années que sa vocation religieuse sest manifestée et qu’elle a ressenti un grand désir de se consacrer au Seigneur.

Encore enfant, Katharina était sensible aux besoins de ceux et celles qui lentouraient, une qualité qui la menée à une vie de service et à un travail ardu. Jeune femme, elle s’est consacréeà aider les pauvres, les malades et les délaissés. Puis, à la mort de son père, elle commença à travailler comme ouvrière agricole, vendant son tissage et fendant des pierres pour la construction de routes afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère dont la santé était fragile.

Son travail ardu et ses actes de charité ordinaires furent remarqués par dautres personnes dans le village et, sur les encouragements de son directeur spirituel, Katharina et quatre autres femmes formèrent une communauté religieuse : les Pauvres Servantes de Jésus-Christ. Elle aurait préféré entrer dans un ordre déjà établi, mais il ny avait pas de congrégations religieuses féminines dans sa région. Elle fonda donc sa propre communauté. Le 15 août 1851, ces « sœurs de Dernbach » prononcèrent les vœux publics de pauvreté, de chasteté et dobéissance devant lévêque Pierre Joseph Blum de Limburg et commencèrent à servir les plus démunis.

Katharina prit le nom de « Maria » et, pendant cinq mandats consécutifs comme supérieure de lordre, elle fut connue dans la vie religieuse comme « Mère Maria ». Le pape Pie IX accorda à lordre le Décret de louange le 9 mars 1860 et lordre reçut lapprobation officielle du pape Léon XIII le 21 mai 1890. Sous la direction de Mère Maria, les Pauvres Servantes de Jésus-Christ (ADJC) entreprirent leur travail auprès des pauvres, des malades et des enfants. Bien que tel fût leur ministère au début, elles sont souvent davantage reconnues par lamour et la simplicité de leur service que par un ministère particulier.

Maria Katharina subit une crise cardiaque le 27 janvier 1898 et mourut dans la maison mère de la congrégation à Dernbach à laube de la fête de la Présentation. Elle fut béatifiée le 16 avril 1978 par le pape Paul VI sur la place Saint-Pierre, louée par le Saint-Père comme une femme « de foi et de courage ».

Durant toute sa vie, Maria Katharina s’est efforcée de reconnaître la volonté de Dieu dans toutes les situations ; cet esprit a été transmis aux sœurs de sa congrégation. Par cette ouverture aux autres et à Dieu, lordre a étendu lamour et la vision de Mère Maria bien au-delà des frontières de lAllemagne, alors que leur ministère a continué à grandir et à se répandre dans des pays tels que lAngleterre, les États-Unis, les Pays-Bas, lInde, le Mexique, le Brésil, le Kenya et le Nigeria.

Francesco Spinelli: Champion des pauvres et des marginalisés

Prêtre diocésain du diocèse de Crémone
Fondateur de lInstitut des Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement
Jour de fête : 6 février
14 avril 1853 – 6 février 1913

Né à Milan le 14 avril 1853, Francesco Spinelli a déménagé à Crémone en Italie alors quil était encore enfant. Jeune garçon, il accompagnait sa mère qui visitait et aidait les pauvres et les malades de sa ville. Son appel à la prêtrise a été soutenu à la fois par sa mère et par un oncle qui était prêtre. Après avoir étudié à Bergame pendant plusieurs années, il fut ordonné prêtre de ce diocèse le 14 août 1875.

Plus tard cette année-là, étant à Rome pour célébrer le jubilé convoqué par le pape Pie IX, P. Francesco se rendit à la basilique Sainte-Marie-Majeure, et alors quil était là, il sest agenouillé devant la crèche de lEnfant Jésus. En prière, il reçut la vision dun groupe de jeunes femmes qui adoreraient Jésus dans le Saint-Sacrement. Ce moment lui inspira de commencer un nouvel ordreet, en 1882, il unit ses efforts avec ceux de sainte Gertrude Comensoli pour fonder les Sœurs Sacramentines de Bergame.

Après un début prometteur, il fut obligé de quitter le diocèse de Bergame en 1889 à cause dune opposition et de complots contre lui, abandonnant également la nouvelle congrégation. Il arrive à Rivolta dAdda, découragé et sans argent, mais lévêque diocésain de Crémone lui offre la possibilité dy exercer ses fonctions pastorales. En 1892, P. Francesco fonde les Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement, une congrégation qui obtiendra lapprobation officielle du diocèse en 1897.

À Crémone, les sœurs continuèrent à adorer le Christ dans leucharistie tout en se concentrant sur leur travail auprès des pauvres, un travail inspiré par Spinelli lui-même qui avait connu les difficultés de la marginalisation. Il s’était senti appelé par son amour de l’eucharistie à répondre aux besoins de ceux qui enduraient la même souffrance.

P. Francesco mourut de causes naturelles à Rivolta dAdda le 6 février 1913, mais les sœurs poursuivent toujours le travail quil avait aidé à mettre sur pied. Elles ont maintenant beaucoup de maisons à travers le monde, y compris en Argentine et au Sénégal. Bien quil ne l’ait pas vu de son vivant, Spinelli aurait éprouvé une grande joie devant l’approbation pontificale de sa congrégation par le pape Pie XI en 1932. En 1958, le cardinal Angelo Roncalli, qui deviendra le pape Jean XXIII, visita la tombe de Spinelli. Dans son journal intime, il a écrit : « Arrivé à Rivolta dAdda où jai admiré la maison générale des Sœurs Adoratrices que le vénérable Francesco Spinelli a fondées et sur la tombe duquel jai été heureux de prier. »

Cet émerveillement a été poursuivi par un autre Saint-Père lorsque P. Francesco a été béatifié le 21 juin 1992 par le pape Jean-Paul II.

Ayant toujours considéré Jésus comme source et modèle de sa vie sacerdotale, P. FrancescoSpinelli a laissé derrière lui une réputation de sainteté et a donné un exemple de vraie prière aux Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement et à tous ceux quil rencontrait. Comme le Christ, il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour servir les malheureux, les marginalisés et les rejetés partout où le besoin sen faisait sentir, et ce travail se poursuit jusquà ce jour.

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus​

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus

Fondatrice de la congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise
Jour de fête : 6 juillet
10 janvier 1889 – 6 juillet 1943

« Toi, Nazaria, suis-moi. » À 9 ans seulement, Nazaria Ignacia March Mesa a entendu ces mots, ressentant son premier appel du Seigneur. « Je vais suivre Jésus, a-t-elle répondu, daussi près que le peut une créature humaine. »

Née à Madrid en 1889 dans une grande famille espagnole, Nazaria acquit rapidement une foi solide. Sa famille s’opposa souvent à sa foi et, si lasse de ses dévotions, elle lempêcha même une fois daller à la messe. Cependant, Nazaria persista dans sa conviction, et après que sa famille eut déménagée au Mexique en 1904, elle continua sa dévotion et décida de se joindre à linstitut des Petites sœurs des personnes âgées abandonnées (Instituto de Hermanitas de Ancianos Desamparados) en 1908, prenant le nom de Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus et prononça ses vœux perpétuels en 1915. L’institut l’envoya travailler à Oruro, en Bolivie, où elle aida les personnes âgées, pauvres et abandonnées.

Après quelques années en Bolivie, sœur Nazaria, inspirée par les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, commença à se sentir appelée à établir un nouvel ordre consacré à la mission, à lévangélisation et à léducation religieuse. Le 16 juin 1925, elle fonda les Missionnaires de la Croisade pontificale (renommée plus tard congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise). Cétait la première communauté religieuse bolivienne pour femmes. Leur mission était de soutenir la catéchisation des enfants et des adultes, tout en soutenant les prêtres, en menant des missions et en imprimant des tracts religieux. Comme supérieure de la congrégation, Mère Nazaria travailla avec diligence pour surmonter lopposition et les difficultés, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour que cette nouvelle congrégation grandisse. Elle eut même une audience privée avec le pape Pie XI en 1934 dans laquelle elle lui dit quelle était prête à mourir pour lÉglise, mais le pape lui répondit : « Ne meurs pas, mais vis et travaille pour lÉglise. »

Dans cet esprit, la congrégation a poursuivi ses travaux en Bolivie tout en fondant des maisons et des œuvres dans plusieurs pays. Dirigées par Mère Nazaria, les sœurs ont travaillé pour aider de nombreuses personnes dans le besoin. Elles se sont occupées des femmes, des orphelins et des soldats, ont créé un magazine pour les femmes dans la vie religieuse et ont même aidé à former le premier syndicat de travail pour les femmes. En commençant en Bolivie, leur travail sest étendu à l’Amérique du Sud et au Portugal, à l’Espagne, la France, l’Italie et au Cameroun.

De retour à Buenos Aires, Mère Nazaria commença à souffrir d’une pneumonie au début de 1943 et mourut le 6 juillet de la même année. Sa renommée et celle de sa congrégation continuèrent à se répandre après sa mort. La congrégation des Croisées missionnaires de lÉglise reçut la reconnaissance officielle du Vatican le 9 juin 1947 et Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésusfut béatifiée par Jean-Paul II le 27 septembre 1992.

Mère Nazaria a laissé derrière elle une grande réputation de sainteté et de bonté. Elle est reconnue pour avoir toujours recommandé aux supérieures des maisons de sa congrégation une approche maternelle envers les sœurs sous leur responsabilité, n’oubliant pas leur rôle de mère de la maison. Un grand nombre la considère comme une visionnaire pour son époque par sa proposition que lÉglise catholique soit ouverte à vraiment rencontrer les gens, et ce, des décennies avant les débats et les documents du Concile Vatican II.

Message du pape François aux catholiques chinois et à l’Église universelle

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de la lettre du message du pape François aux catholiques chinois et à l’Église universelle tel que publié le 26 septembre 2018 (CNS photo/How Hwee Young, EPA):

« Éternel est son amour,
sa fidélité demeure d’âge en âge »

Ps 100 (99), 5

Chers frères dans l’épiscopat, prêtres, personnes consacrées et tous les fidèles de l’Eglise catholique en Chine, remercions le Seigneur parce qu’éternelle est sa miséricorde, et reconnaissons qu’« il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau ! » (Ps 100 [99] 3).

En ce moment retentissent en mon âme les paroles par lesquelles mon vénéré Prédécesseur dans sa lettre du 27 mai 2007 vous exhortait : « Église catholique en Chine, petit troupeau présent et agissant dans le vaste territoire d’un peuple immense qui marche dans l’histoire, comme elles résonnent pour toi, encourageantes et provocantes, les paroles de Jésus: “Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume” (Lc 12, 32)![…] : c’est pourquoi, “que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux” » (Mt 5, 16) (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 5).

1. Ces derniers temps, ont circulé de nombreuses voix discordantes sur le présent et, surtout, sur l’avenir des communautés catholiques en Chine. Je suis conscient qu’un tel tourbillon d’opinions et de considérations puisse avoir créé beaucoup de confusion, suscitant dans beaucoup de cœurs des sentiments opposés. Pour certains, se lèvent doutes et perplexité ; d’autres ont la sensation d’avoir été comme abandonnés par le Saint-Siège et en même temps, ils se posent la question poignante sur la valeur des souffrances affrontées pour vivre dans la fidélité au Successeur de Pierre. Chez beaucoup d’autres, au contraire, prévalent des attentes positives et des réflexions animées par l’espérance d’un avenir plus serein pour un témoignage fécond de la foi en terre chinoise.

Cette situation a été accentuée surtout en référence à l’Accord Provisoire entre le Saint-Siège et la République Populaire de Chine qui, comme vous le savez, a été signé les jours derniers à Pékin. Dans une circonstance très significative pour la vie de l’Eglise, par ce bref Message, je désire, avant tout, vous assurer que vous êtes quotidiennement présents dans ma prière et partager avec vous les sentiments qui habitent mon cœur.

Ce sont des sentiments de remerciement au Seigneur et de sincère admiration – qui est l’admiration de l’Eglise catholique tout entière – pour le don de votre fidélité, de la constance dans l’épreuve, de la confiance enracinée dans la Providence de Dieu, même quand certains événements se sont montrés particulièrement défavorables et difficiles.

Ces expériences douloureuses appartiennent au trésor spirituel de l’Eglise en Chine et de tout le Peuple de Dieu en pèlerinage sur la terre. Je vous assure que le Seigneur, justement à travers le creuset des épreuves, ne manque jamais de nous remplir de ses consolations et de nous préparer à une joie plus grande. Avec le Psaume 126 [125] nous sommes plus que certains que « celui qui sème dans les larmes moissonne dans la joie » ! (v. 5).

Continuons, donc, à fixer le regard sur l’exemple de nombreux fidèles et Pasteurs qui n’ont pas hésité à offrir leur « beau témoignage » (cf. 1Tm 6, 13) à l’Evangile, jusqu’au don de leur propre vie. Ils sont à considérer comme vrais amis de Dieu !

2. Pour ma part, j’ai toujours regardé la Chine comme une terre riche de grandes opportunités et le Peuple chinois comme artisan et gardien d’un inestimable patrimoine de culture et de sagesse, qui s’est raffiné en résistant aux adversités et en intégrant les diversités, et qui, non par hasard, depuis les temps anciens est entré en contact avec le message chrétien. Comme le disait avec une grande sagacité le P. Matteo Ricci, S.J., nous défiant de la vertu de la confiance, « avant de contracter amitié, il faut observer; après l’avoir contractée, il faut faire confiance » (De Amicitia, 7).

C’est aussi ma conviction que la rencontre ne peut être authentique et féconde seulement si elle arrive à travers la pratique du dialogue, qui signifie se connaître, se respecter et « marcher ensemble » pour construire un avenir commun de plus haute harmonie.

Dans ce sillon se place l’Accord Provisoire, qui est le fruit du long et complexe dialogue institutionnel du Saint-Siège avec les Autorités gouvernementales chinoises, inauguré déjà par saint Jean-Paul II et poursuivi par le Pape Benoît XVI. A travers ce parcours, le Saint-Siège n’avait pas – et n’a pas – à l’esprit autre chose que de réaliser les finalités spirituelles et pastorales propres de l’Eglise, et c’est-à-dire soutenir et promouvoir l’annonce de l’Evangile, et atteindre et conserver la pleine et visible unité de la communauté catholique en Chine.

Sur la valeur de cet Accord et sur ses finalités je voudrais vous proposer quelques réflexions, vous offrant aussi quelques points de spiritualité pastorale pour le chemin que, en cette nouvelle phase, nous sommes appelés à parcourir.

Il s’agit d’un chemin qui, comme la section précédente « demande du temps et présuppose la bonne volonté des Parties » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4), mais pour l’Eglise, à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, il ne s’agit pas seulement d’adhérer à des valeurs humaines, mais de répondre à une vocation spirituelle : sortir de soi-même pour embrasser « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent » (Concile Œcuménique Vatican II, Constitution apostolique ‘Gaudium et Spes’, n. 1) et les défis du présent que Dieu lui confie. Il y a, par conséquent, un appel ecclésial à se faire pèlerins sur les sentiers de l’histoire, faisant confiance avant tout à Dieu et à ses promesses, comme le firent Abraham et nos Pères dans la foi.

Abraham, appelé par Dieu, obéit en partant pour une terre inconnue qu’il devait recevoir en héritage, sans connaître le chemin qui s’ouvrait devant lui. Si Abraham avait exigé des conditions, sociales et politiques, idéales avant de sortir de sa terre, peut-être qu’il ne serait jamais parti. Lui, au contraire, a fait confiance à Dieu, et sur sa Parole il a laissé sa maison et ses propres sécurités. Ce ne furent donc pas les changements historiques qui lui permirent de faire confiance à Dieu, mais ce fut sa foi pure qui provoqua un changement dans l’histoire. La foi, en effet, est « la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas. C’est elle qui a valu aux anciens un bon témoignage » (Lettre aux Hébreux : 11, 1-2).

3. Comme Successeur de Pierre, je désire vous confirmer dans cette foi (cf. Lc 22, 32) – dans la foi d’Abraham, dans la foi de la Vierge Marie, dans la foi que vous avez reçue – vous invitant à mettre avec une conviction toujours plus grande votre confiance dans le Seigneur de l’histoire et dans le discernement de sa volonté accomplie par l’Eglise. Invoquons le don de l’Esprit, afin qu’il illumine les esprits et réchauffe les cœurs et nous aide à comprendre où il veut nous conduire, à dépasser les inévitables moments de désarroi et à avoir la force de poursuivre avec décision sur la route qui s’ouvre devant nous.

Justement dans le but de soutenir et de promouvoir l’annonce de l’Evangile en Chine et de reconstruire la pleine et visible unité dans l’Eglise, il était fondamental d’affronter, en premier lieu, la question des nominations épiscopales. Il est connu de tous que, malheureusement, l’histoire récente de l’Eglise catholique en Chine a été douloureusement marquée par de profondes tensions, blessures et divisions, qui se sont polarisées surtout autour de la figure de l’Evêque comme gardien de l’authenticité de la foi et garant de la communion ecclésiale.

Lorsque, dans le passé, on a prétendu déterminer aussi la vie interne des communautés catholiques, imposant le contrôle direct au-delà des compétences légitimes de l’Etat, dans l’Eglise en Chine est apparu le phénomène de la clandestinité. Une telle expérience – on doit le souligner – ne rentre pas dans la normalité de la vie de l’Eglise et « l’histoire montre que Pasteurs et fidèles y ont recours uniquement avec le désir tourmenté de maintenir intègre leur propre foi » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 8).

Je voudrais vous faire savoir que, depuis que m’a été confié le ministère pétrinien, j’ai éprouvé de grandes consolations en constatant le désir sincère des Catholiques chinois de vivre leur foi en pleine communion avec l’Eglise universelle et avec le Successeur de Pierre, qui est « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles » (Concile œcuménique Vatican II, Constitution Apostolique ‘Lumen Gentium’, n. 23). De ce désir me sont parvenus au cours de ces années de nombreux signes et témoignages concrets, même de la part de ceux, y compris des Evêques, qui ont blessé la communion dans l’Eglise, à cause de faiblesse et d’erreurs, mais aussi, souvent, par de fortes et indues pressions extérieures.

C’est pourquoi, après avoir attentivement examiné chaque situation particulière personnelle et écouté divers avis, j’ai beaucoup réfléchi et prié cherchant le vrai bien de l’Eglise en Chine. Enfin, devant le Seigneur et avec sérénité de jugement, en continuité avec l’orientation de mes Prédécesseurs immédiats, j’ai décidé d’accorder la réconciliation aux sept Evêques « officiels » restant, ordonnés sans Mandat Pontifical et, ayant supprimé toute sanction canonique relative à leurs cas, de les réadmettre dans la pleine communion ecclésiale. En même temps, je leur demande d’exprimer, par des gestes concrets et visibles, l’unité retrouvée avec le Siège apostolique et avec les Eglises répandues dans le monde, et de s’y maintenir fidèles malgré les difficultés.

4. En la sixième année de mon Pontificat, que j’ai mis depuis ses premiers pas sous le signe de l’Amour miséricordieux de Dieu, j’invite en conséquence tous les Catholiques chinois à se faire artisans de réconciliation, se rappelant avec une passion apostolique toujours renouvelée les paroles de Paul : « Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (Deuxième Lettre aux Corinthiens : 5, 18).

En effet, comme j’ai eu l’occasion de l’écrire à la fin du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde : « Aucune loi ni précepte ne peut empêcher Dieu d’embrasser de nouveau le fils qui revient vers lui reconnaissant s’être trompé mais décidé à recommencer au début. Ne s’arrêter qu’à la loi, c’est rendre vaines la foi et la miséricorde divine. […]. Même dans les cas les plus difficiles, où l’on est tenté de faire prévaloir une justice qui vient seulement des normes, on doit croire en la force qui jaillit de la grâce divine » (Lettre Apostolique Misericordia et Misera, 20 novembre 2016, n. 11).

Dans cet esprit et avec les décisions prises, nous pouvons commencer un parcours inédit, qui nous l’espérons aidera à guérir les blessures du passé, à rétablir la pleine communion de tous les Catholiques chinois et à ouvrir une phase de collaboration plus fraternelle, pour assumer avec un engagement renouvelé la mission de l’annonce de l’Evangile. En effet, l’Eglise existe pour témoigner de Jésus Christ et de l’Amour pardonnant et salvifique du Père.

5. L’Accord Provisoire paraphé avec les Autorités chinoises, tout en se limitant à quelques aspects de la vie de l’Eglise et étant nécessairement perfectible, peut contribuer – pour sa part – à écrire cette page nouvelle de l’Eglise catholique en Chine. Pour la première fois, il introduit des éléments stables de collaboration entre les Autorités de l’Etat et le Siège Apostolique, avec l’espérance d’assurer à la Communauté catholique de bons Pasteurs.

Dans ce contexte, le Saint-Siège entend faire jusqu’au bout la part qui est de sa compétence, mais aussi à vous, Evêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs, revient un rôle important : chercher ensemble de bons candidats qui soient en mesure d’assumer dans l’Eglise le délicat et important service épiscopal. Il ne s’agit pas, en effet, de nommer des fonctionnaires pour la gestion des questions religieuses, mais d’avoir d’authentiques Pasteurs selon le cœur de Jésus, engagés à agir généreusement au service du Peuple de Dieu, spécialement des plus pauvres et des plus faibles, mettant à profit les paroles du Seigneur : « Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Marc : 10, 43-44).

A ce sujet, il apparaît évident qu’un Accord n’est rien d’autre qu’un instrument et ne pourra à lui seul résoudre tous les problèmes existants. Au contraire, il s’avèrerait inefficace et stérile, au cas où il ne serait pas accompagné d’un profond engagement de renouveau des attitudes personnelles et des comportements ecclésiaux.

6. Sur le plan pastoral, la Communauté catholique en Chine est appelée à être unie, pour dépasser les divisions du passé que tant de souffrances ont causées et causent au cœur de nombreux Pasteurs et fidèles. Que tous les chrétiens, sans distinction, posent maintenant des gestes de réconciliation et de communion. A ce sujet, mettons à profit l’avertissement de saint Jean de la Croix : « Au crépuscule de la vie, nous serons jugés sur l’Amour ! » (Paroles de lumière et d’amour : 1, 57).

Sur le plan civil et politique, que les Catholiques chinois soient de bons citoyens, aiment pleinement leur Patrie et servent leur pays avec engagement et honnêteté, selon leurs propres capacités. Sur le plan éthique, qu’ils soient conscients que beaucoup de concitoyens s’attendent de leur part à une mesure plus haute dans le service du bien commun et du développement harmonieux de la société tout entière. En particulier, que les Catholiques sachent offrir cette contribution prophétique et constructive qu’ils tirent de leur foi dans le Règne de Dieu. Cela peut leur demander aussi l’effort de dire une parole critique, non par opposition stérile mais dans le but d’édifier une société plus juste, plus humaine et plus respectueuse de la dignité de toute personne.

7. Je m’adresse à vous tous, bien-aimés confrères Evêques, prêtres et personnes consacrées, qui « servez le Seigneur dans la joie » ! (Psaume 100 [99], 2). Reconnaissons-nous disciples du Christ dans le service du Peuple de Dieu. Vivons la charité pastorale comme boussole de notre ministère. Dépassons les oppositions du passé, la recherche de l’affirmation d’intérêts personnels, et prenons soin des fidèles faisant nôtres leurs joies et leurs souffrances. Engageons-nous humblement pour la réconciliation et l’unité. Reprenons avec énergie et enthousiasme le chemin de l’évangélisation, comme indiqué par le Concile œcuménique Vatican II.

A vous tous je répète avec affection : « L’exemple de nombreux prêtres, religieuses, religieux et laïcs qui se consacrent à évangéliser et à servir avec grande fidélité, bien des fois en risquant leurs vies et sûrement au prix de leur confort, nous galvanise. Leur témoignage nous rappelle que l’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante » (Gaudete et exsultate, 19 mars 2018, n. 138).

Avec conviction je vous invite à demander la grâce de ne pas hésiter quand l’Esprit exige de nous que nous fassions un pas en avant : « Demandons le courage apostolique d’annoncer l’Évangile aux autres et de renoncer à faire de notre vie chrétienne un musée de souvenirs. De toute manière, laissons l’Esprit Saint nous faire contempler l’histoire sous l’angle de Jésus ressuscité. Ainsi, l’Église, au lieu de stagner, pourra aller de l’avant en accueillant les surprises du Seigneur » (Ibidem, n. 139).

8. En cette année, où toute l’Eglise célèbre le Synode des Jeunes, je désire m’adresser spécialement à vous, jeunes catholiques chinois, qui franchissez les portes de la Maison du Seigneur « en rendant grâce, en chantant louange » (Psaume 100 [99], 4). Je vous demande de collaborer à la construction de l’avenir de votre pays avec les capacités personnelles que vous avez reçues en don et avec la jeunesse de votre foi. Je vous exhorte à porter à tous, avec votre enthousiasme, la joie de l’Evangile.

Soyez prêts à accueillir la conduite sûre de l’Esprit Saint, qui indique au monde d’aujourd’hui le chemin vers la réconciliation et la paix. Laissez-vous surprendre par la force rénovatrice de la grâce, même quand il peut vous sembler que le Seigneur demande un engagement supérieur à vos forces. N’ayez pas peur d’écouter sa voix qui vous demande fraternité, rencontre, capacité de dialogue et de pardon, et esprit de service, malgré tant d’expériences douloureuses du passé récent et les blessures encore ouvertes.

Ouvrez grand le cœur et l’esprit pour discerner le dessein miséricordieux de Dieu, qui demande de dépasser les préjugés personnels et les oppositions entre les groupes et les communautés, pour ouvrir un chemin courageux et fraternel à la lumière d’une authentique culture de la rencontre.

Nombreuses sont, aujourd’hui, les tentations : l’orgueil du succès mondain, la fermeture dans ses propres certitudes, le primat donné aux choses matérielles comme si Dieu n’existait pas. Allez à contre-courant et demeurez solides dans le Seigneur : « Il est bon, le Seigneur », seul « éternel est son amour », seule « sa fidélité » demeure « d’âge en âge » (Ibidem, 5).

9. Chers frères et sœurs de l’Eglise universelle, tous nous sommes appelés à reconnaître parmi les signes de notre temps tout ce qui se passe aujourd’hui dans la vie de l’Eglise en Chine. Nous avons une tâche importante : accompagner avec une fervente prière et une fraternelle amitié nos frères et nos sœurs en Chine. En effet, ils doivent sentir que sur le chemin, qui en ce moment s’ouvre devant eux, ils ne sont pas seuls. Il est nécessaire qu’ils soient accueillis et soutenus comme partie vivante de l’Eglise : « Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble » ! (Psaume 133 [132], 1).

Que chaque communauté catholique locale, dans le monde entier, s’engage à valoriser et à accueillir le trésor spirituel et culturel propre des Catholiques chinois. Le temps est venu de goûter ensemble les fruits authentiques de l’Evangile semé dans le sein de l’antique « Empire du Milieu » et d’élever vers le Seigneur Jésus Christ le cantique de la foi et de l’action de grâce, enrichi de notes authentiquement chinoises.

10. Je m’adresse avec respect à ceux qui conduisent la République Populaire de Chine et je renouvelle l’invitation à poursuivre, avec confiance, courage et clairvoyance, le dialogue entrepris depuis longtemps. Je désire assurer que le Saint-Siège continuera à œuvrer sincèrement pour grandir dans l’authentique amitié avec le Peuple chinois.

Les contacts actuels entre le Saint-Siège et le Gouvernement chinois se sont montrés utiles pour dépasser les oppositions du passé, même récent, et pour écrire une page de collaboration plus sereine et concrète dans la conviction commune que « l’incompréhension ne sert ni les Autorités chinoises, ni l’Église catholique en Chine » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4).

De cette manière, la Chine et le Siège Apostolique, appelés par l’histoire à une tâche ardue mais fascinante, pourront agir plus positivement pour la croissance ordonnée et harmonieuse de la Communauté catholique en terre chinoise, mettront tout en œuvre pour promouvoir le développement intégral de la société, assurant un plus grand respect de la personne humaine y compris dans le domaine religieux, ils travailleront concrètement pour préserver l’environnement dans lequel nous vivons et pour édifier un avenir de paix et de fraternité entre les peuples.

En Chine, il est d’importance fondamentale que, même au niveau local, soient toujours plus fructueuses les relations entre les Responsables des communautés ecclésiales et les Autorités civiles, par un dialogue franc et une écoute sans préjugés qui permette de dépasser des attitudes réciproques d’hostilité. Il y a à apprendre un nouveau style de collaboration simple et quotidienne entre les Autorités locales et les Autorités ecclésiastiques – Evêques, prêtres, Anciens des communautés – de manière à garantir le déroulement ordonné des activités pastorales, en harmonie entre les légitimes attentes des fidèles et les décisions qui sont du ressort des Autorités.

Cela aidera à comprendre que l’Eglise en Chine n’est pas étrangère à l’histoire chinoise, ni ne demande aucun privilège : sa finalité dans le dialogue avec les Autorités civiles est de « parvenir à une relation empreinte de respect réciproque et de connaissance approfondie » (Idem).

11. Au nom de toute l’Eglise j’implore du Seigneur le don de la paix, tandis que je vous invite tous à invoquer avec moi la protection maternelle de la Vierge Marie :

Mère du Ciel, écoute la voix de tes enfants, qui humblement invoquent ton nom.

Vierge de l’espérance, nous te confions le chemin des croyants sur la noble terre de Chine. Nous te prions de présenter au Seigneur de l’histoire les tribulations et les efforts, les supplications et les attentes des fidèles qui te prient, ô Reine du Ciel !

Mère de l’Eglise, nous te consacrons le présent et l’avenir des familles et de nos communautés. Protège-les et soutiens-les dans la réconciliation entre frères et dans le service des pauvres qui bénissent ton nom, ô Reine du Ciel !

Consolatrice des affligés, nous nous adressons à toi pour que tu sois un refuge pour tous ceux qui pleurent dans l’épreuve. Veille sur tes enfants qui louent ton nom, fais qu’ils portent unis l’annonce de l’Evangile. Accompagne leurs pas pour un monde plus fraternel, fais qu’ils portent à tous la joie du pardon, ô Reine du Ciel !

Mairie, Aide des Chrétiens, pour la Chine nous te demandons des jours de bénédiction et de paix. Amen.

Du Vatican, le 26 septembre 2018.

Angelus du pape François suivant la Messe au parc Sàntakos de Kaunas, Lituanie

CNS photo/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François précédent l’angelus du dimanche 23 septembre 2018 et suivant la Messe dominicale au parc Sàntakos de Kaunas, Lituanie:

Chers frères et sœurs,

Le livre de la Sagesse que nous avons entendu en première lecture nous parle du juste persécuté, de celui dont la présence gène les impies. L’impie est décrit comme celui qui opprime le pauvre; il n’a pas de compassion envers la veuve ni de respect pour la personne âgée (cf. 2, 17-20). L’impie a la prétention de penser que sa force est la norme de la justice. Soumettre les plus fragiles, user de la force sous quelque forme que ce soit, imposer une manière de penser, une idéologie, un discours dominant, user de la violence ou de la répression pour faire plier ceux qui, simplement par leur agir quotidien honnête, simple, assidu et solidaire, manifestent qu’un autre monde, une autre société est possible. Il ne suffit pas à l’impie de faire ce que bon lui semble, de se laisser guider par ses caprices; il ne veut pas que les autres, en faisant le bien, mettent en évidence sa manière de faire. Chez l’impie, le mal cherche toujours à détruire le bien.

Il y a 75 ans, cette nation vivait la destruction définitive du Ghetto de Vilnius. L’anéantissement de milliers de juifs, commencé deux ans auparavant, culminait alors. Comme on lit dans le Livre de la Sagesse, le peuple juif est passé à travers les outrages et les tourments. Faisons mémoire de cette époque, et demandons au Seigneur de nous faire le don du discernement afin de découvrir à temps tout nouveau germe de cette attitude pernicieuse, toute atmosphère qui atrophie le cœur des générations qui n’en n’ont pas fait l’expérience et qui pourraient courir derrière ces chants des sirènes.

Jésus dans l’Evangile nous rappelle une tentation sur laquelle nous devrions veiller avec attention: le souci d’être les premiers, de se distinguer par rapport aux autres, souci qui peut se nicher dans tout cœur humain. Combien de fois est-il arrivé qu’un peuple se croie supérieur, avec plus de droits acquis, avec de plus grands privilèges à préserver ou à conquérir. Quel est le remède que propose Jésus quand cette pulsion apparaît dans notre cœur et dans la mentalité d’une société ou d’un pays? Se faire le dernier de tous et le serviteur de tous; être là où personne ne veut aller, où il ne se passe rien, dans la périphérie la plus lointaine; et servir, en créant des espaces de rencontre avec les derniers, avec les exclus. Si le pouvoir se décidait à cela, si nous permettions que l’Evangile du Christ atteigne les profondeurs de notre vie, alors la globalisation de la solidarité serait vraiment une réalité. «Tandis que dans le monde, spécialement dans certains pays, réapparaissent diverses formes de guerre et de conflits, nous, les chrétiens, nous insistons sur la proposition de reconnaître l’autre, de soigner les blessures, de construire des ponts, de resserrer les relations et de nous aider “à porter les fardeaux les uns des autres” (Ga 6,2)» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 67).

Ici, en Lituanie, il y a une colline des croix, où des milliers de personnes, au cours des siècles, ont planté le signe de la croix. Je vous invite, alors que nous prions l’Angelus, à demander à Marie de nous aider à planter la croix de notre service, de notre dévouement là où on a besoin de nous, sur la colline où vivent les derniers, où une délicate attention aux exclus, aux minorités est requise, pour éloigner de nos milieux et de nos cultures la possibilité d’anéantir l’autre, de marginaliser, de continuer à rejeter celui qui gêne et dérange nos facilités.

Jésus met le petit au centre, il le met à même distance de chacun pour que nous nous sentions tous provoqués à donner une réponse. En faisant mémoire du “oui” de Marie, demandons-lui de rendre notre “oui” généreux et fécond comme le sien.

[Angelus Domini…]

Homélie du pape François lors de la Messe à Kaunas, Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François lors de la Messe au parc Sàntakos de Kaunas, Lituanie (photo CNS/ Paul Haring):

Saint Marc consacre toute une partie de son Evangile à l’enseignement adressé aux disciples. C’est comme si Jésus, à mi-chemin vers Jérusalem, avait voulu que les siens renouvellent leur choix, sachant que se mettre à sa suite comporterait des moments d’épreuve et de souffrance. L’évangéliste raconte cette période de la vie de Jésus en rappelant qu’en trois occasions, il a annoncé sa passion; eux par trois fois ont exprimé leur désarroi et leur résistance, et le Seigneur à chacune des trois occasions a voulu leur laisser un enseignement. Nous venons d’écouter la seconde de ces trois séquences (cf. Mc 9, 30-37).

La vie chrétienne traverse toujours des moments de croix, et parfois ils semblent interminables. Les générations passées ont été marquées par le temps de l’occupation, l’angoisse de ceux qui étaient déportés, l’incertitude pour ceux qui ne revenaient pas, la honte de la délation, de la trahison. Le Livre de la Sagesse nous parle du juste persécuté, de celui qui subit des outrages et des tourments pour le seul fait d’être bon (cf. 2, 10-20). Combien parmi vous pourraient raconter en première personne ou dans l’histoire d’un parent, ce même passage que nous avons lu. Combien parmi vous ont vu aussi vaciller leur foi parce que Dieu n’est pas apparu pour vous défendre; parce que le fait de rester fidèles n’a pas suffi pour qu’il intervienne dans votre histoire. Kaunas connaît cette réalité; la Lituanie entière peut en témoigner avec un frisson au seul fait de nommer la Sibérie, ou les ghettos de Vilnius et de Kaunas, entre autres ; et on peut dire à l’unisson avec l’apôtre Jacques, dans l’extrait de sa Lettre que nous avons entendu: ils convoitent, ils tuent, ils envient, ils combattent et ils font la guerre (cf. 4, 2).

Mais les disciples ne veulent pas que Jésus leur parle de souffrance et de croix; ils ne veulent pas entendre parler des épreuves et des angoisses. Et saint Marc rappelle qu’ils étaient intéressés par d’autres choses, qu’ils revenaient à la maison en discutant sur qui était le plus grand. Frères, le désir de pouvoir et de gloire est la manière la plus commune de se comporter pour ceux qui ne réussissent pas à guérir la mémoire de leur histoire, peut-être justement pour cela, ils n’acceptent même pas de s’investir dans le travail présent. Et alors on discute sur celui qui a davantage brillé, qui a été plus pur dans le passé, qui a le plus le droit d’avoir des privilèges par rapport aux autres. Et ainsi, nous nions notre histoire, «qui est glorieuse en tant qu’elle est histoire de sacrifices, d’espérance, de lutte quotidienne, de vie dépensée dans le service, de constance dans le travail pénible» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 96). C’est une attitude stérile et vaine, qui renonce à s’impliquer dans la construction du présent en perdant le contact avec la réalité douloureuse de notre peuple fidèle. Nous ne pouvons pas être comme ces “experts” spirituels, qui jugent seulement de l’extérieur et passent tout leur temps à parler de “ce qu’on devrait faire” (cf. ibid).

Jésus, sachant ce qu’ils pensaient, leur propose un antidote à cette lutte de pouvoir et au refus du sacrifice; et, pour solenniser ce qu’il va dire, il s’assied comme un Maître, les appelle, et accomplit un geste: il met un enfant au centre; un jeune adolescent qui d’habitude gagnait un peu d’argent en faisant les commissions que personne ne voulait faire. Qui mettra-t-on au milieu aujourd’hui, ici, en ce dimanche matin ? Qui seront les plus petits, les plus pauvres parmi nous que nous devons accueillir à cent années de notre indépendance? Qui n’a rien à nous donner en échange, pour rendre gratifiants nos efforts et nos renoncements? Ce sont peut-être les minorités ethniques de notre ville, ou ces chômeurs qui sont contraints d’émigrer. Ce sont peut-être des personnes âgées seules, ou des jeunes qui ne trouvent pas un sens à leur vie parce qu’ils ont perdu leurs racines. “Au milieu” signifie à égale distance, de manière que personne ne puisse feindre de ne pas voir, que personne ne puisse soutenir que “c’est la responsabilité des autres”, parce que “je n’ai pas vu” ou que “je suis trop loin”. Sans protagonismes, sans vouloir être applaudi ou les premiers. Là, dans la ville de Vilnius, il est revenu au fleuve Vilnia d’offrir ses eaux et de perdre son nom par rapport à Neris; ici, c’est le même Neris qui perd son nom en offrant ses eaux au Niémen. Il s’agit de cela: être une Eglise “en sortie”, de ne pas avoir peur de sortir et de se dépenser aussi quand il semble que nous nous anéantissons, de nous perdre derrière les plus petits, les oubliés, ceux qui vivent dans les périphéries existentielles. Mais en sachant que cette sortie comportera aussi dans certains cas le fait d’arrêter le pas, de mettre de côté les inquiétudes et les urgences pour savoir regarder dans les yeux, écouter et accompagner celui qui est resté sur le bord du chemin. Parfois, il faudra se comporter comme le père du fils prodigue, qui reste sur la porte attendant son retour, pour lui ouvrir dès qu’il arrive (cf. ibid n. 46); ou bien comme les disciples, qui doivent apprendre que, lorsqu’on accueille un petit, c’est Jésus lui-même qu’on accueille.

C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes là, impatients d’accueillir Jésus: dans sa parole, dans l’Eucharistie, dans les petits. L’accueillir afin qu’il réconcilie notre mémoire et nous accompagne dans un présent qui continue à nous passionner par ses défis, par les signes qu’il nous laisse; afin que nous le suivions comme des disciples, parce qu’il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve de résonance dans le cœur des disciples du Christ, et ainsi nous éprouvons comme nôtres les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de ceux qui souffrent (cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 1). Pour cela, et parce que, comme communauté nous nous sentons intimement solidaires de l’humanité – de cette ville et de toute la Lituanie – et de son histoire (cf. ibid.), nous voulons donner notre vie dans le service et dans la joie, et ainsi faire savoir à tous que Jésus Christ est notre unique espérance.

[01433-FR.02] [Texte original: Italien]

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