<\/span><\/span><\/p>\r\n\r\nR\u00e9flexion biblique pour le Jeudi saint\r\npar le p\u00e8re Thomas Rosica, csb\r\n9 avril 2009\r\n\r\nDans les deux traditions juive et chr\u00e9tienne, manger et f\u00eater sont beaucoup plus qu\u2019une simple fa\u00e7on d\u2019alimenter le corps, de go\u00fbter certains mets ou de c\u00e9l\u00e9brer un \u00e9v\u00e9nement. Manger et festoyer sont devenus pour les deux traditions des rencontres avec des r\u00e9alit\u00e9s transcendantes, une union avec le divin. Dans le Nouveau Testament, le propre minist\u00e8re de J\u00e9sus se passe tr\u00e8s souvent \u00e0 table durant les repas. Certains disent que nous sommes toujours en train de manger avec J\u00e9sus dans les \u00c9vangiles!\r\n\r\nJ\u00e9sus assiste \u00e0 de nombreux repas tout au long des 4 \u00c9vangiles: avec L\u00e9vis et ses coll\u00e8gues de bureau, avec Simon le Pharisien, avec Lazare et ses s\u0153urs \u00e0 B\u00e9thanie, avec Zach\u00e9e et la foule \u00e0 J\u00e9richo, avec des parias et des centurions, avec des foules sur les collines de Galil\u00e9e et chez ses disciples.\r\n\r\nC\u2019est finalement durant le dernier repas que J\u00e9sus nous laisse son cadeau\u00a0le plus pr\u00e9cieux: l\u2019Eucharistie. La lecture des \u00c9critures le Jeudi saint nous enracine profond\u00e9ment dans notre pass\u00e9 juif; c\u00e9l\u00e9brer la P\u00e2que avec le peuple juif, recevant de saint Paul ce qui lui a \u00e9t\u00e9 transmis, c'est-\u00e0-dire le banquet eucharistique tout en regardant J\u00e9sus carr\u00e9ment en face quand il s\u2019agenouille devant nous pour nous laver les pieds en humble service. Au lieu de nous pr\u00e9senter l\u2019un des r\u00e9cits de l\u2019\u00e9vangile synoptique de l\u2019institution de l\u2019Eucharistie, l\u2019\u00c9glise nous offre l\u2019attitude d\u00e9rangeante du Ma\u00eetre agenouill\u00e9 devant ses amis, lavant leurs pieds en geste d\u2019humilit\u00e9 et de service.\r\n\r\nImaginez la sc\u00e8ne! Comme J\u00e9sus noue une serviette autour de sa taille, prend un pichet d\u2019eau, s\u2019abaisse et commence \u00e0 laver les pieds des disciples, il enseigne \u00e0 ses amis que la lib\u00e9ration et la nouvelle vie s\u2019atteignent non en pr\u00e9sidant au-dessus des multitudes de tr\u00f4nes royaux, ni par la quantit\u00e9 de sacrifices sanglants offerts sur les autels du temps, mais en marchant avec le marginal et le pauvre et en les servant comme celui qui lave les pieds au cours du voyage.\r\n\r\nDurant cette nuit sainte de l\u2019\u00ab\u00a0institution \u00bb, lorsque J\u00e9sus but la coupe de son sang et s\u2019abaissa pour laver les pieds, il instaura une nouvelle et dynamique alliance commune entre ses disciples et nous.\u00a0 C\u2019est comme si l\u2019histoire enti\u00e8re du salut se terminait cette nuit, juste quand cela commence; avec les pieds nus et la voix de Dieu nous parlant \u00e0 travers sa propre chair et sang: \u00ab\u00a0Ce que j\u2019ai fait pour vous, vous devez le faire aussi.\u00a0\u00bb Le lavement des pieds est l\u2019int\u00e9grale de la derni\u00e8re C\u00e8ne. C\u2019est la mani\u00e8re de Jean de dire \u00e0 ceux qui suivent J\u00e9sus tout au long des \u00e2ges: \u00ab Vous devez vous souvenir de son sacrifice dans la messe, mais vous devez aussi vous souvenir de sa demande d\u2019aller servir le monde.\u00a0\u00bb\r\n\r\nAu la derni\u00e8re C\u00e8ne, J\u00e9sus nous enseigne que la vraie autorit\u00e9 dans l\u2019\u00c9glise vient de l\u2019acte de servir, de donner notre vie pour nos amis. Sa vie est une f\u00eate pour le pauvre et les p\u00e9cheurs. Cela doit \u00eatre la m\u00eame chose pour ceux qui re\u00e7oivent le corps du Seigneur et son sang. Nous devenons ce que nous recevons dans ce repas et nous imitons J\u00e9sus dans ses actes de lib\u00e9ration, ses mots de gu\u00e9rison et ses gestes d\u2019humble service. De l\u2019Eucharistie doit jaillir un certain style de vie communautaire, une authentique empathie pour nos voisins et pour les \u00e9trangers.\r\n\r\nEn d\u00e9finitive, la c\u00e9l\u00e9bration de l\u2019Eucharistie nous projette toujours vers l\u2019avant, comme nous le professons dans l\u2019anamn\u00e8se apr\u00e8s la cons\u00e9cration durant la messe: \u00ab\u00a0Quand nous mangeons ce pain et buvons \u00e0 cette coupe, nous proclamons ta mort, Seigneur J\u00e9sus, jusqu'\u00e0 ton retour dans la gloire.\u00a0\u00bb\r\n\r\nLe pouvoir transformateur d\u2019un repas<\/strong>\r\n\r\nChaque ann\u00e9e au moment du Jeudi saint, j\u2019essaie de prendre le temps de regarder l\u2019un de mes films pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s, Le Festin de Babette<\/span><\/em>. C\u2019est une histoire d\u2019ouverture des c\u0153urs dans une petite communaut\u00e9 puritaine sur la c\u00f4te norv\u00e9gienne gr\u00e2ce \u00e0 la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 d\u2019une cuisini\u00e8re fran\u00e7aise.\r\n\r\nLe film dirig\u00e9 par Gabriel Axel, a re\u00e7u le prix en 1986 pour le meilleur film \u00e9tranger et sa fid\u00e8le adaptation de la nouvelle de 1958 d\u2019Isaac Dinesen Babettes g\u00e6stebud<\/span><\/em>. Il a \u00e9t\u00e9 nomm\u00e9 \u00ab ic\u00f4ne cin\u00e9matographique de l\u2019Eucharistie \u00bb parce qu\u2019il explore l\u2019amour et la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 dans le contexte d\u2019un repas ainsi que la capacit\u00e9 du repas \u00e0 transformer les vies.\r\n\r\nVoici l\u2019intrigue. Au 19e si\u00e8cle au Danemark, deux s\u0153urs vivent dans un village isol\u00e9 avec leur p\u00e8re, pasteur honorable d\u2019une petite \u00e9glise protestante qui est pratiquement une secte tourn\u00e9e sur elle-m\u00eame. Bien qu\u2019elles aient, chacune leur tour, eu la possibilit\u00e9 de quitter le village, les s\u0153urs ont choisi de rester avec leur p\u00e8re, de le servir ainsi que l\u2019\u00e9glise.\u00a0 Apr\u00e8s quelques ann\u00e9es, une jeune r\u00e9fugi\u00e9e, Babette, frappe \u00e0 leur porte, les supplie de la prendre et s\u2019engage \u00e0 travailler pour elles comme servante, ma\u00eetresse de maison, cuisini\u00e8re. Babette arrive avec une lettre d\u2019un chanteur fran\u00e7ais qui avait pass\u00e9 du temps dans cette r\u00e9gion, \u00e9tait tomb\u00e9 amoureux d\u2019une des s\u0153urs puis \u00e9tait parti, d\u00e9\u00e7u. La lettre recommande Babette \u00e0 ces \u00ab\u00a0bonnes personnes\u00a0\u00bb et mentionne qu\u2019elle peut cuisiner. Durant une douzaine d\u2019ann\u00e9es, Babette cuisine tr\u00e8s simplement des repas auxquels les s\u0153urs sont accoutum\u00e9es.\r\n\r\nAu bout des 12 ans de service dans cette famille, Babette gagne \u00e0 la loterie fran\u00e7aise, un prix de 10\u00a0000 francs. Au m\u00eame moment, les s\u0153urs planifient de c\u00e9l\u00e9brer les 100 ans de leur p\u00e8re, le fondateur de leur petite secte chr\u00e9tienne. Elles s\u2019attendent \u00e0 ce que Babette les quitte avec son argent, au contraire \u00e0 leur grande surprise, elle leur offre de cuisiner un repas pour cet anniversaire. Bien que les deux s\u0153urs soient secr\u00e8tement inqui\u00e8tes au sujet de ce que Babette, une catholique et une \u00e9trang\u00e8re, pourrait bien faire, elles l\u2019autorisent \u00e0 aller de l\u2019avant. Babette utilise juste la petite ouverture, une modeste c\u00e9l\u00e9bration, pour cuisiner une temp\u00eate et les d\u00e9g\u00e2ts du naufrage dans la vie des s\u0153urs et avec leur communaut\u00e9 par une outrageuse g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9.\r\n\r\nDieu est toujours pr\u00eat, cherchant la plus petite ouverture, dans un sens, priant pour que nous le remerciions avec joie d\u2019accepter son offrande! La vie du Christ commence avec le plus petit mouvement de notre part, juste l\u2019allusion d\u2019une ouverture et Dieu fait un pas et nous submerge par sa r\u00e9ponse. Quand nous acceptons, Dieu prend en main la cuisine, nous inondant de gr\u00e2ce sur gr\u00e2ce. Les plus grands mets fran\u00e7ais ne sont rien compar\u00e9s aux cadeaux que Dieu nous a accord\u00e9s, sp\u00e9cialement dans le don ultime de Lui-m\u00eame dans l\u2019Eucharistie.\r\n\r\n\u00c0 la fin, le festin de Babette produit des effets \u00e9tonnants. Les membres de la communaut\u00e9 se sont r\u00e9concili\u00e9s les uns avec les autres. Les invit\u00e9s au Festin de Babette ont rencontr\u00e9 le divin et re\u00e7u en pl\u00e9nitude \u00e0 travers l\u2019acte physique de manger. \u00abLe festin de Babette\u00a0\u00bb est un chef d\u2019\u0153uvre qui peut nous aider \u00e0 explorer la divine g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 divine \u00e0 travers l\u2019image d\u2019un repas, sa qualit\u00e9 transformante, ses gestes de service humble et aimant et ses fruits de r\u00e9conciliation et de pardon qui prennent place autour de la table. Pas \u00e9tonnant que ce film me rappelle un autre repas qui prit place dans une chambre haute \u00e0 J\u00e9rusalem des si\u00e8cles auparavant.\r\n\r\nLes lectures pour ce Jeudi Saint: Exode 12,1-8, 11-14, Psaume 116, 1 Corinthiens 11, 23-26; Jean 13, 1-15","post_title":"V\u00e9rit\u00e9 et pieds nus du Jeudi saint","post_excerpt":"","post_status":"private","comment_status":"open","ping_status":"open","post_password":"","post_name":"verite-et-pieds-nus-du-jeudi-saint","to_ping":"","pinged":"","post_modified":"2019-02-27 10:23:43","post_modified_gmt":"2019-02-27 15:23:43","post_content_filtered":"","post_parent":0,"guid":"http:\/\/www.seletlumieretv.org\/blogue\/?p=782","menu_order":0,"post_type":"post","post_mime_type":"","comment_count":"0","filter":"raw"}