{"ID":19280,"post_author":"25","post_date":"2017-03-20 21:00:39","post_date_gmt":"2017-03-21 01:00:39","post_content":"\"\"\r\n\r\nQuatri\u00e8me dimanche du Car\u00eame, Ann\u00e9e A - 26 mars 2017<\/strong>\r\n\r\n1 Samuel 16,1.6-7.10-13a\r\n<\/em>\u00c9ph\u00e9siens 5,8-14\r\n<\/em>Jean 9,1-41<\/em>\r\n\r\nLe tr\u00e8s beau r\u00e9cit tir\u00e9 aujourd\u2019hui de l\u2019\u00c9vangile de Jean (Jean 9,1-41) nous parle de fixer le visage de J\u00e9sus, de laisser les \u00e9cailles de l\u2019aveuglement tomber de nos yeux, de faire l\u2019exp\u00e9rience de son pouvoir de gu\u00e9rison et de reconna\u00eetre J\u00e9sus pour ce qu\u2019il est vraiment\u00a0: le Seigneur et le Sauveur venu dans le monde. D\u00e8s le d\u00e9but du texte de Jean, la question de l\u2019origine donne le ton au r\u00e9cit. D\u2019o\u00f9 vient J\u00e9sus ? Qui l\u2019a envoy\u00e9 ? Quelle \u00e9cole rabbinique a fr\u00e9quent\u00e9 cet homme originaire de Nazareth ? O\u00f9 a-t-il pris tout \u00e7a ? O\u00f9 a-t-il appris \u00e0 enfreindre la loi de Dieu ? Ces questions hantent le r\u00e9cit provocant de la gu\u00e9rison de l\u2019aveugle-n\u00e9 dans l\u2019\u00c9vangile de Jean.\r\n\r\nHautement symbolique, le r\u00e9cit de la gu\u00e9rison, le jour du sabbat, d\u2019un homme aveugle de naissance est unique parce que la seule gu\u00e9rison de la c\u00e9cit\u00e9 dans l\u2019Ancien Testament se trouve dans le livre de Tobie (7,7; 11,7-13; 14,1-2), mais Tobie n\u2019\u00e9tait pas n\u00e9 aveugle. Le texte d\u2019aujourd\u2019hui, le sixi\u00e8me signe du Quatri\u00e8me \u00c9vangile, vient illustrer la parole de J\u00e9sus\u00a0: \u00ab Je suis la lumi\u00e8re du monde \u00bb (Jean 8,12; 9,5). La description de la dispute au sujet de J\u00e9sus oppose J\u00e9sus (la lumi\u00e8re) aux Juifs (aveugles, Jean 9,39-41). Le th\u00e8me de l\u2019eau est r\u00e9introduit avec la piscine de Silo\u00e9. L\u2019ironie, c\u2019est que J\u00e9sus est jug\u00e9 par les Juifs tandis que les Juifs sont jug\u00e9s par Lumi\u00e8re du monde fait chair ! (Jean 3,19-21)\r\n\r\nLa controverse <\/strong>\r\n\r\nL\u2019histoire de la gu\u00e9rison de l\u2019aveugle prend exactement deux versets; la controverse qui entoure le miracle en occupe trente-neuf. La controverse fait pratiquement toute l\u2019histoire ! En r\u00e9ponse aux questions qu\u2019on lui pose sur l\u2019origine de J\u00e9sus, celui qui avait \u00e9t\u00e9 aveugle r\u00e9pond\u00a0: \u00ab il m\u2019a rendu la vue. D\u2019o\u00f9 croyez-vous qu\u2019il vienne ? \u00bb L\u2019aveugle passe des t\u00e9n\u00e8bres \u00e0 la lumi\u00e8re\u00a0: il voit d\u2019abord en J\u00e9sus un homme, puis un proph\u00e8te; finalement, il confesse qu\u2019il est le Fils de Dieu. Les Pharisiens semblent d\u2019abord accepter la gu\u00e9rison de l\u2019aveugle puis ils la mettent doute et finissent par nier l\u2019origine c\u00e9leste de J\u00e9sus. La simplicit\u00e9 de l\u2019aveugle confond les sages. Ceux-ci en arrivent \u00e0 refuser de voir\u00a0: ils s\u2019aveuglent. Mais on \u00e9prouve facilement de la sympathie pour les Pharisiens. Apr\u00e8s tout, ils s\u2019effor\u00e7aient simplement de faire ce que nous sommes nombreux \u00e0 avoir appris \u00e0 faire\u00a0: observer, analyser, d\u00e9crire et expliquer les ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019une situation donn\u00e9e. L\u2019approche vous est famili\u00e8re ? N\u2019est-ce pas ce \u00e0 quoi plusieurs d\u2019entre nous passent leur temps tous les jours ?\r\n\r\nLes ant\u00e9c\u00e9dents de l\u2019aveugle<\/strong>\r\n\r\nL\u2019ancien aveugle ne connaissait pas toutes les expressions religieuses susceptibles d\u2019expliquer son salut. Ce n\u2019\u00e9tait pas un homme pieux au sens traditionnel du terme et il n\u2019avait pas de respect particulier pour les anciens. Tout ce qu\u2019il savait, c\u2019est qu\u2019avant il \u00e9tait prisonnier des t\u00e9n\u00e8bres et que maintenant le monde entier baignait pour lui dans la lumi\u00e8re. Et il \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 en t\u00e9moigner. \u00ab Il y a une chose que je sais. \u00bb Le d\u00e9tail insignifiant qu\u2019il se trouve savoir, c\u2019est l\u2019identit\u00e9 de celui qui lui a sauv\u00e9 la vie !\r\n\r\nL\u2019homme qui a recouvr\u00e9 la vue ne part pas de connaissances pouss\u00e9es; il reconna\u00eet un fait. J\u00e9sus est celui qui lui donne la vie, qui le sauve, qui fait dispara\u00eetre sa c\u00e9cit\u00e9, qui lui rend courage et esp\u00e9rance. J\u00e9sus \u2013 c\u2019est lui ! C\u2019est de lui qu\u2019il s\u2019agit ! Nous savons que l\u2019aveugle n\u2019est pas le seul \u00e0 admettre que \u00ab c\u2019est de J\u00e9sus\u00a0qu\u2019il s\u2019agit \u00bb. Les descendants spirituels de l\u2019aveugle sont l\u00e9gion \u00e0 travers l\u2019histoire ! Esp\u00e9rons que nous sommes du nombre !\r\n\r\nLa question de la souffrance<\/strong>\r\n\r\nLes tentatives pour r\u00e9soudre la question de la souffrance et de la mort ont souvent provoqu\u00e9 plus de mal que la douleur et l\u2019angoisse initiales de celui ou celle qui souffre. \u00ab Pourquoi moi ? \u00bb \u00ab Pourquoi faut-il qu\u2019il y ait de la souffrance ? \u00bb \u00ab \u00c0 qui la faute si je suis aveugle, sourd, muet, pauvre, diff\u00e9rent de quelqu\u2019un d\u2019autre ? \u00bb \u00ab La souffrance peut-elle avoir un sens ? \u00bb \u00ab Une valeur ? \u00bb \u00ab Qui provoque cela ? \u00bb \u00ab Pourquoi ce mal existe-t-il ? \u00bb \u00ab Pourquoi me punit-on de la sorte ? \u00bb Nous recourons souvent \u00e0 la m\u00e9taphore de la c\u00e9cit\u00e9 pour exprimer notre incapacit\u00e9 de trouver un sens \u00e0 la souffrance que nous subissons.\r\n\r\nSi nous nous contentons de voir dans l\u2019\u00c9vangile d\u2019aujourd\u2019hui une com\u00e9die ironique sans plus, nous passons \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du moment de solitude de la sc\u00e8ne finale dans laquelle J\u00e9sus et l\u2019homme conversent \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur de la synagogue. La profession de foi de l\u2019homme a de terribles cons\u00e9quences pour lui comme pour chacun de nous. Il est rejet\u00e9 de la synagogue. Coup\u00e9 de la Torah, de sa famille, du sabbat du vendredi soir c\u00e9l\u00e9br\u00e9 avec les siens, de la certitude de la Loi \u2013 tout cela parce qu\u2019il a regard\u00e9 la Lumi\u00e8re en face. Or c\u2019est ce regard constant et profond qui lui a apport\u00e9 une forme \u00e9trange de gu\u00e9rison, une \u00e9trange qualit\u00e9 de vision.\r\n\r\nNotre c\u00e9cit\u00e9 aujourd\u2019hui<\/strong>\r\n\r\nBien des gens aujourd\u2019hui sont tr\u00e8s r\u00e9ticents \u00e0 accepter de reconna\u00eetre la source de notre salut, celui qui nous apporte l\u2019esp\u00e9rance et cause notre joie. Nous avons peur de le nommer par crainte de ce que diront les autres. Ou est-ce que nous h\u00e9sitons parce que nous ne sommes pas convaincus que c\u2019est de lui, J\u00e9sus, qu\u2019il s\u2019agit ? Nous d\u00e9crivons parfois notre c\u00e9cit\u00e9 en disant que les arbres nous cachent la for\u00eat, mais c\u2019est l\u00e0 une analyse plut\u00f4t simpliste. Ce qui est plus inqui\u00e9tant, c\u2019est l\u2019aveuglement h\u00e9r\u00e9ditaire qui nous fait croire qu\u2019il n\u2019y a plus rien \u00e0 apprendre. Il y a souvent de l\u2019arrogance \u00e0 l\u2019origine de notre c\u00e9cit\u00e9. Combien de fois ne nous comportons-nous pas comme ceux qui voulaient emp\u00eacher Bartim\u00e9e (Marc 10,46-52) de voir et de rencontrer le Seigneur ? Face aux cris des railleurs et des cyniques parmi nous, osons-nous mettre en pr\u00e9sence du Seigneur nos amis, nos coll\u00e8gues et nos proches ? Pourquoi h\u00e9siter puisque nous savons bien ce que donne une vie v\u00e9cue sans le Christ ?\r\n\r\nDans son message de Car\u00eame pour 2011, le pape Beno\u00eet a \u00e9crit au sujet de l\u2019\u00c9vangile d\u2019aujourd\u2019hui\u00a0:\r\n
L\u2019\u00c9vangile interpelle chacun de nous: \u00ab Crois-tu au Fils de l\u2019homme ? \u2013 Oui, je crois Seigneur ! \u00bb (Jean <\/em>9, 35-38), r\u00e9pond joyeusement l\u2019aveugle-n\u00e9 qui parle au nom de tout croyant. Le miracle de cette gu\u00e9rison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir \u00e9galement notre regard int\u00e9rieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconna\u00eetre en lui notre unique Sauveur. Le Christ illumine toutes les t\u00e9n\u00e8bres de la vie et donne \u00e0 l\u2019homme de vivre en \u00ab enfant de lumi\u00e8re \u00bb.<\/blockquote>\r\nRencontrer les vedettes des \u00c9vangiles du Car\u00eame<\/strong>\r\n\r\nLe r\u00e9cit de la gu\u00e9rison de l\u2019aveugle dans l\u2019\u00c9vangile d\u2019aujourd\u2019hui comme, dans l\u2019\u00c9vangile de Marc, les r\u00e9cits de gu\u00e9rison de l\u2019aveugle de Bethsa\u00efde (8,22-26) et de Bartim\u00e9e, l\u2019aveugle sur la route de J\u00e9richo (10,46-52), ont s\u00fbrement \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s populaires dans l\u2019\u00c9glise primitive et restent tr\u00e8s importants pour l\u2019\u00c9glise contemporaine. Ces miracles m\u2019ont toujours fascin\u00e9 parce que mon p\u00e8re \u00e9tait ophtalmologiste, sp\u00e9cialiste des probl\u00e8mes de vue et de lecture chez les jeunes enfants. Combien de fois nous avons parl\u00e9 \u00e0 la table familiale de d\u00e9ficience oculaire, de maladie des yeux, d\u2019astigmatisme, de cataracte ou de vision 20\/20 !\r\n\r\nMon p\u00e8re faisait partie de nombreuses associations de bienfaisance et de groupes qui venaient en aide aux aveugles. Je me rappelle, tout jeune, \u00eatre all\u00e9 donner un coup de main \u00e0 mon p\u00e8re et \u00e0 ses coll\u00e8gues m\u00e9decins qui organisaient des f\u00eates de No\u00ebl m\u00e9morables pour les aveugles. Je n\u2019oublierai jamais la joie qui caract\u00e9risait ces r\u00e9ceptions. Mon p\u00e8re est mort assez jeune, \u00e0 la fin de la soixantaine, de complications d\u2019un diab\u00e8te qui lui avait fait perdre la vue. Ce fut une terrible \u00e9preuve pour lui et pour nous pendant ses derni\u00e8res ann\u00e9es. Peu avant son d\u00e9c\u00e8s en 1997, nous avons eu un long entretien et il a tenu \u00e0 me parler de ses fun\u00e9railles. \u00ab Quel \u00c9vangile voudrais-tu prendre pour la messe ? \u00bb m\u2019a-t-il demand\u00e9 ? Quand j\u2019ai sugg\u00e9r\u00e9 la gu\u00e9rison de l\u2019aveugle Bartim\u00e9e sur la route de J\u00e9richo, dans l\u2019\u00c9vangile de Marc, papa a r\u00e9torqu\u00e9\u00a0: \u00ab Mais qu\u2019est-ce que cette histoire a \u00e0 voir avec moi ? \u00bb Nous avons bien ri. C\u2019est donc sur ce texte que j\u2019ai pr\u00each\u00e9 \u00e0 sa messe de fun\u00e9railles.\r\n\r\nSi jamais j\u2019ai l\u2019occasion un jour de pousser la porte du ciel, j\u2019ai l\u2019intention d\u2019avoir une bonne longue conversation avec les vedettes des \u00c9vangiles des dimanches du Car\u00eame\u00a0: la Samaritaine (Jean 4), l\u2019aveugle-n\u00e9 (Jean 9), et Lazare (Jean 11). Ils ont eu la chance et la gr\u00e2ce de reprendre vie gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019intervention personnelle de J\u00e9sus, gr\u00e2ce \u00e0 son toucher r\u00e9confortant, \u00e0 son regard aimant, \u00e0 ses paroles de compassion. Je voudrais bien leur poser \u00e0 chacun quatre questions: \u00ab D\u2019o\u00f9 venait ce type ? Qu\u2019est-ce que vous avez ressenti quand vous l\u2019avez regard\u00e9 dans les yeux ? Qu\u2019avez-vous \u00e9prouv\u00e9 quand il vous a parl\u00e9 ? Comment avez-vous su que c\u2019\u00e9tait bien Lui ? \u00bb\r\n\r\nN\u2019h\u00e9sitons pas, aujourd\u2019hui, \u00e0 rejeter les t\u00e9n\u00e8bres et les ombres qui p\u00e8sent sur le monde et sur l\u2019\u00c9glise; refusons de nous en satisfaire. Ne perdons jamais de vue la seule demande r\u00e9ellement importante\u00a0: \u00ab voir J\u00e9sus \u00bb\u2026 non pas seulement l\u2019entrevoir mais le regarder longuement, le contempler amoureusement, lui qui est notre r\u00e9conciliation, notre esp\u00e9rance, notre lumi\u00e8re et notre paix.\r\n\r\nVivre le Car\u00eame cette semaine<\/strong>\r\n\r\n1. Vous demander\u00a0: De quelle sorte de c\u00e9cit\u00e9 \u00eates-vous afflig\u00e9(e) aujourd\u2019hui ?\r\n\r\n2. R\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ces paroles de l\u2019\u00e9crivain am\u00e9ricain Samuel Langhorne Clemens, aussi connu sous le nom de Mark Twain (1835 \u2013 1910): \u00ab La bont\u00e9 est un message que les sourds peuvent entendre et que les aveugles peuvent voir. \u00bb Lire lentement les propos de l\u2019\u00e9crivaine et militante am\u00e9ricaine Helen Keller (1880 \u2013 1968), premi\u00e8re personne sourde et aveugle \u00e0 obtenir un baccalaur\u00e9at \u00e8s-arts. Helen est arriv\u00e9e \u00e0 briser l\u2019isolement que lui imposait l\u2019absence quasi compl\u00e8te de langage; la jeune fille qu\u2019elle \u00e9tait s\u2019est \u00e9panouie en apprenant \u00e0 communiquer. \u00ab Que l\u2019amour rende aveugle, c\u2019est possible, je ne sais pas. Mais que l\u2019amour puisse aider quelqu\u2019un \u00e0 voir, j\u2019en ai fait l\u2019exp\u00e9rience avec d\u2019autres des milliers de fois. \u00bb\r\n\r\n3. Quels sont les recoins de l\u2019\u00c9glise, de la soci\u00e9t\u00e9 et de notre culture qui ont s\u00e9rieusement besoin de gu\u00e9rison, de restauration et de r\u00e9forme \u00e0 notre \u00e9poque ? Quels sont nos angles morts ? Quels sont nos plus graves probl\u00e8mes de myopie et de presbytie ? Combien de fois pr\u00e9f\u00e9rons-nous le monologue au dialogue, renon\u00e7ant ainsi \u00e0 apprendre de ceux et celles qui ne sont pas d\u2019accord avec nous; refusant de nous ouvrir \u00e0 la culture autour de nous pour nous cantonner dans un mode de vie \u00e9troit, ent\u00eat\u00e9 et amer ? La convoitise ou la cupidit\u00e9 m\u2019emp\u00eachent-elles de traiter les autres \u00e9quitablement ? Suis-je impoli ou discourtois dans mes rapports \u00e0 autrui ? Est-ce que j\u2019exige des gens plus que ce qui est raisonnable ? Est-ce que je regarde les gens avec qui j\u2019ai des relations professionnelles comme des personnes ou comme des objets \u00e0 utiliser ?\r\n\r\n4. Lire le num\u00e9ro 106, intitul\u00e9 \u00ab L\u2019annonce de la Parole de Dieu et les personnes qui souffrent \u00bb, dans l\u2019Exhortation post-synodale Verbum Domini<\/em>.\r\n
Durant les travaux synodaux, l\u2019attention des P\u00e8res s\u2019est souvent port\u00e9e sur la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019annoncer la Parole de Dieu \u00e0 tous ceux qui se trouvent \u00e9galement dans un \u00e9tat de souffrance physique, psychique ou spirituelle. En effet, c\u2019est lorsqu\u2019il conna\u00eet la douleur que naissent de mani\u00e8re plus aigu\u00eb dans le c\u0153ur de l\u2019homme les questions ultimes sur le sens de sa propre vie<\/em>. Si la parole de l\u2019homme semble devenir muette devant le Myst\u00e8re du mal et de la souffrance et si notre soci\u00e9t\u00e9 semble n\u2019accorder de valeur \u00e0 l\u2019existence que si elle correspond \u00e0 certains niveaux d\u2019efficacit\u00e9 et de bien-\u00eatre, la Parole nous r\u00e9v\u00e8le que ces circonstances sont aussi myst\u00e9rieusement \u00ab embrass\u00e9es \u00bb par la tendresse de Dieu. La foi, qui na\u00eet de la rencontre avec la Parole divine, nous aide \u00e0 consid\u00e9rer la vie humaine comme digne d\u2019\u00eatre pleinement v\u00e9cue m\u00eame lorsqu\u2019elle est bris\u00e9e par le mal<\/em>. Dieu a cr\u00e9\u00e9 l\u2019homme pour le bonheur et pour la vie, tandis que la maladie et la mort sont entr\u00e9es dans le monde comme cons\u00e9quence du p\u00e9ch\u00e9 (cf. Sagesse<\/em> 2, 23-24). Mais le P\u00e8re de la vie est le m\u00e9decin par excellence de l\u2019homme et il ne cesse de se pencher avec tendresse sur l\u2019humanit\u00e9 souffrante. Nous contemplons le sommet de la proximit\u00e9 de Dieu avec la souffrance de l\u2019homme en J\u00e9sus lui-m\u00eame qui est la \u00ab Parole incarn\u00e9e. Il a souffert avec nous et il est mort. Par sa passion et sa mort, il a assum\u00e9 en lui et a transform\u00e9 jusqu\u2019au bout notre faiblesse \u00bb.\r\n\r\nLa proximit\u00e9 de J\u00e9sus \u00e0 l\u2019\u00e9gard des personnes qui souffrent ne s\u2019est pas interrompue<\/em>: elle se prolonge dans le temps gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019action de l\u2019Esprit Saint dans la mission de l\u2019\u00c9glise, dans la Parole et dans les Sacrements, dans les hommes de bonne volont\u00e9, dans les activit\u00e9s d\u2019assistance que les communaut\u00e9s promeuvent dans la charit\u00e9 fraternelle, en d\u00e9voilant ainsi le vrai visage de Dieu et son amour. Le Synode rend gr\u00e2ce \u00e0 Dieu pour le t\u00e9moignage lumineux, et souvent cach\u00e9, de nombreux Chr\u00e9tiens \u2013 pr\u00eatres, religieux et la\u00efcs \u2013 qui ont pr\u00eat\u00e9 et continuent de pr\u00eater leurs mains, leurs yeux et leur c\u0153ur au Christ, v\u00e9ritable m\u00e9decin des corps et des \u00e2mes ! Il exhorte encore \u00e0 continuer \u00e0 avoir soin des personnes malades en leur apportant la pr\u00e9sence vivifiante du Seigneur J\u00e9sus, dans la Parole et dans l\u2019Eucharistie. Qu\u2019elles soient aid\u00e9es \u00e0 lire l\u2019\u00c9criture et \u00e0 d\u00e9couvrir que, dans leur condition, elles peuvent participer d\u2019une fa\u00e7on particuli\u00e8re aux souffrances r\u00e9demptrices du Christ pour le salut du monde (cf. 2\u00a0Corinthiens <\/em>4, 8-11.14) !<\/blockquote>\r\n5. R\u00e9citer la \u00ab pri\u00e8re pour demander la vue \u00bb compos\u00e9e par Orig\u00e8ne (185-253), th\u00e9ologien et savant chr\u00e9tien africain et l\u2019un des plus grands \u00e9crivains de l\u2019\u00c9glise des premiers si\u00e8cles.\r\n
Que le Seigneur J\u00e9sus touche nos yeux, comme ceux de l\u2019aveugle.\r\nAlors, nous commencerons \u00e0 voir dans les choses visibles celles qui sont invisibles.\r\nQu\u2019il nous ouvre les yeux pour que nous regardions, non pas les r\u00e9alit\u00e9s actuelles, mais les gr\u00e2ces \u00e0 venir.\r\nQu\u2019il ouvre les yeux de notre c\u0153ur pour que nous puissions contempler Dieu en Esprit, par J\u00e9sus Christ le Seigneur, \u00e0 qui appartiennent la puissance et la gloire pour les si\u00e8cles des si\u00e8cles. Amen.<\/blockquote>\r\n