{"ID":16890,"post_author":"25","post_date":"2016-03-23 12:00:19","post_date_gmt":"2016-03-23 16:00:19","post_content":"

\"Cross<\/a><\/h4>\r\n

R\u00e9flexion biblique du p\u00e8re Thomas Rosica c.s.b pour le Vendredi Saint -Ann\u00e9e liturgique C- (25 mars 2016)<\/span><\/strong><\/h4>\r\n

Chaque ann\u00e9e le Vendredi Saint, nous revivons les \u00e9v\u00e9nements tragiques de la Passion de notre Sauveur jusqu\u2019\u00e0 \u00e0 sa crucifixion sur le Golgotha. Il y a une question lancinante au sujet de cette journ\u00e9e qui a r\u00e9sonn\u00e9 partout dans l\u2019histoire. Sur le Calvaire, au milieu de ce d\u00e9sastre, o\u00f9 \u00e9tait Dieu? M\u00eame J\u00e9sus le Seigneur a implor\u00e9e dans ses pleurs, sur le bois de la croix\u00a0: \u00ab\u00a0O\u00f9 es-tu? M\u2019as-tu r\u00e9ellement oubli\u00e9? Pourquoi es-tu sourd \u00e0 la voix de ma plainte. \u00ab Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m\u2019as-tu abandonn\u00e9 ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis\u00a0\u00bb (Psaume 22).<\/p>\r\n

Les lectures profond\u00e9ment \u00e9mouvantes de la liturgie d\u2019aujourd\u2019hui ne se concentrent pas sur le cadavre de J\u00e9sus mais elles vont et viennent d\u00e9licatement entre J\u00e9sus mort et la communaut\u00e9 afflig\u00e9e. Les passages sont remplis de paroles de douleur et d\u2019esp\u00e9rance, de mort et de vie. Dans la lecture de la lettre aux H\u00e9breux (4,14-16; 5,7-9), l\u2019auteur contemple l\u2019agonie de J\u00e9sus au jardin en relation avec les sacrifices du temple et le sacerdoce selon les \u00c9critures h\u00e9bra\u00efques.<\/p>\r\n

Nous d\u00e9couvrons notre Dieu qui permet qu\u2019un Vendredi Saint surviennent: un Dieu-homme qui est toujours fils comme nous en toutes choses, \u00e0 l\u2019exception du p\u00e9ch\u00e9. Loin de cr\u00e9er un ab\u00eeme entre le Christ et nous-m\u00eames, nos \u00e9preuves et nos faiblesses sont devenues les lieux privil\u00e9gi\u00e9s de notre rencontre avec Lui et non seulement avec Lui, mais avec Dieu lui-m\u00eame, gr\u00e2ce \u00e0 cet homme sur la croix. \u00c0 partir de maintenant, aucun de nous ne peut s\u2019abaisser dans une situation douloureuse sans trouver le Christ pr\u00e9sent \u00e0 nos c\u00f4t\u00e9s. \u00a0Si les \u00e9preuves de l\u2019existence humaine ont donn\u00e9 au Christ sa position pr\u00e9sente proche de Dieu, alors il a \u00e9t\u00e9 rev\u00eatu de gloire et d\u2019honneur pour avoir souffert la mort.<\/p>\r\nAvec des pri\u00e8res et des larmes silencieuses<\/strong>\r\n

Au cours de sa vie terrestre, J\u00e9sus a partag\u00e9 notre chair et notre sang, pleurant avec des pri\u00e8res et des larmes silencieuses. Il a \u00e9t\u00e9 \u00a0entendu \u00e0 cause de son grand respect. L\u2019Ancien Testament n\u2019a jamais r\u00eav\u00e9 de se r\u00e9f\u00e9rer au grand pr\u00eatre pour se faire lui-m\u00eame comme ses fr\u00e8res et s\u0153urs, mais au contraire, il \u00e9tait pr\u00e9occup\u00e9 de se s\u00e9parer d\u2019eux. C\u2019est d\u2019autant plus frappant donc qu\u2019aucune distinction n\u2019ait \u00e9t\u00e9 faite sur un point un point essentiel: aucun texte n\u2019a jamais exig\u00e9 que le grand pr\u00eatre soit exempt du p\u00e9ch\u00e9. Dans l\u2019Ancien Testament, une attitude de compassion envers les p\u00e9cheurs semblait \u00eatre incompatible avec le sacerdoce.<\/p>\r\n

Contrairement aux pr\u00eatres du L\u00e9vitique, la mort de J\u00e9sus \u00e9tait essentielle pour son sacerdoce. Il est un pr\u00eatre de compassion. Son autorit\u00e9 nous attire \u00e0 cause de sa compassion.\u00a0 L\u2019autorit\u00e9 de ses paroles\u00a0: son regard p\u00e9n\u00e9trant, aimant pour chacun de nous, la fermet\u00e9 de sa foi. Ultimement, il existe pour les autres, il existe pour servir. Il a \u00e9t\u00e9 \u00e9prouv\u00e9 dans tous les aspects comme nous \u2013 il conna\u00eet toutes nos difficult\u00e9s\u00a0; il est un homme qui a fait ses preuves\u00a0; il conna\u00eet notre condition de l\u2019int\u00e9rieur et de l\u2019ext\u00e9rieur \u2013 seulement par cela il acquiert une profonde capacit\u00e9 pour la compassion. Comme pr\u00eatre, il v\u00e9cut pour les autres, donna tout de ce monde \u00e0 la fois triste et beau au Dieu qui l\u2019aima. C\u2019est le seul sacerdoce qui fait une diff\u00e9rence, quelquefois.<\/p>\r\n

Si la derni\u00e8re c\u00e9l\u00e9bration du repas du Seigneur nous invitait \u00e0 regarder ce que nous avons fait de notre bapt\u00eame, et comment nous sommes un peuple eucharistique, la comm\u00e9moration de la mort de J\u00e9sus nous invite \u00e0 regarder notre propre sacerdoce, le v\u00f4tre et le mien, et \u00e0 nous demander une question aujourd\u2019hui\u2026 suis-je une personne sacerdotale comme il a \u00e9t\u00e9\u00a0? Est-ce que je vis pour les autres\u00a0? Le monde est-il un peu moins violent, un peu moins hostile, un peu plus patient, bon et juste, \u00e0 cause de moi\u00a0?<\/p>\r\n

J\u00e9sus est la Source de la liturgie chr\u00e9tienne<\/strong><\/p>\r\n

Le r\u00e9cit de la Passion de Jean (18,1-19,42) est si charg\u00e9 liturgiquement que J\u00e9sus est vu non seulement comme Dieu, mais aussi comme la source de la liturgie chr\u00e9tienne\u00a0: m\u00eame le sang et l\u2019eau qui jaillissent de son c\u00f4t\u00e9 bless\u00e9. Nous sommes invit\u00e9s \u00e0 r\u00e9aliser tr\u00e8s profond\u00e9ment la trag\u00e9die de la mort de J\u00e9sus dans le contexte de nos propres \u00e9preuves, douleurs et morts. La croix est un signe de contradiction, un signe de victoire, et nous regardons la croix et la r\u00e9ponse dans la foi au message de vie qui coule d\u2019elle, un message qui nous apporte gu\u00e9rison et r\u00e9conciliation.<\/p>\r\n

Des questions lancinantes subsistent au sujet de la signification de la crucifixion de J\u00e9sus. Comment le \u2018Hosanna\u00a0\u00bb du Dimanche des Rameaux tourne-t-il au \u00ab\u00a0Crucifie-le\u00a0\u00bb du Vendredi Saint\u00a0? La foule se retourne comme un seul homme et insiste pour sa mise \u00e0 mort avec une d\u00e9termination empreinte d\u2019irrationalit\u00e9 collective. S\u2019il \u00e9tait un Z\u00e9lote ou un pharisien ou un simple\u00a0paysan ou un soldat romain, ou un officiel du Sanh\u00e9drin, si le roi H\u00e9rode ou Ponce Pilate, ils sont tous venus ensemble hors de leur pr\u00e9occupation\u00a0 pour trouver une mesure de paix par l\u2019interm\u00e9diaire de ce bouc-\u00e9missaire. C\u2019est dans la foule que se trouve la place universelle de la croix. La question n\u2019est pas qui a tu\u00e9 J\u00e9sus mais qu\u2019est ce qui a tu\u00e9 J\u00e9sus\u2026 et quels cercles vicieux de violence continuent \u00e0 le crucifier aujourd\u2019hui dans ses fr\u00e8res et s\u0153urs de la famille humaine\u00a0?<\/p>\r\nO\u00f9 est Dieu ?<\/strong>\r\n

Le Vendredi Saint nous montre o\u00f9 est Dieu\u2026 ici, accroch\u00e9 au bois de la croix \u00e0 J\u00e9rusalem, et sur les croix partout dans le monde o\u00f9 les gens sont trahis par d\u2019autres, abandonn\u00e9s par un ami, d\u00e9nonc\u00e9s par leur communaut\u00e9, hu\u00e9s par les foules, pris comme bouc \u00e9missaire, pass\u00e9s de bureaux en bureaux, abus\u00e9s physiquement, raill\u00e9s et humili\u00e9s, \u00e9tiquet\u00e9s et mal \u00e9tiquet\u00e9s, d\u00e9pouill\u00e9s de leur v\u00eatement et de leur dignit\u00e9, tortur\u00e9s et ex\u00e9cut\u00e9s sous la col\u00e8re, violence, jalousie et haine. Le chemin de la Croix continue dans notre monde aujourd\u2019hui. Ce n\u2019est que l\u00e0 que nous recevons le myst\u00e8re de la mort qui donne vie.<\/p>\r\n

Aujourd\u2019hui, la \u00ab\u00a0Via Dolorosa\u00a0\u00bb\u00a0 est transform\u00e9e en \u00ab\u00a0Via Gloriosa\u00a0\u00bb. En ce jour, \u00e0 travers le myst\u00e8re et le feu de la croix, J\u00e9sus crucifi\u00e9 devient notre vie et notre lumi\u00e8re au milieu de l\u2019obscurit\u00e9.<\/p>\r\nEn souvenir du saint pape Jean-Paul II<\/strong>\r\n

Cette ann\u00e9e, le Vendredi Saint marque le 5e anniversaire de la mort du saint pape Jean-Paul II. Il n\u2019y a que quelques places sur la plan\u00e8te qui n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 touch\u00e9es par le saint pape Jean-Paul II qui fut une ex\u00e9g\u00e8se vivante des \u00e9vangiles. \u00a0Il a transform\u00e9 ses convictions en actions jusqu\u2019\u00e0 la fin. En cette fin du mois de mars et au d\u00e9but d\u2019avril 2005, nous fumes inond\u00e9s de paroles, d\u2019histoires, d\u2019images et profond\u00e9ment \u00e9mus par les c\u00e9r\u00e9monies nous venant du Vatican. Nous avons appris une fois encore \u00e0 travers sa maladie et sa mort \u00e0 quel point il \u00e9tait un homme d\u2019envergure parmi nous et sur la sc\u00e8ne mondiale. \u00a0Nos souvenirs de ce qu\u2019il \u00e9tait avant sa \u00ab\u00a0retraite\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0d\u00e9part\u00a0\u00bb ont \u00e9t\u00e9 dissous par une vision postmoderne du monde. Cette p\u00e9riode de 2005 fut un temps extraordinaire d\u2019\u00e9vang\u00e9lisation, de cat\u00e9ch\u00e8se et d\u2019\u00e9ducation pour l\u2019\u00c9glise universelle. Saint Jean-Paul II fut un bestseller dans la vie et aussi dans la mort.<\/p>\r\nLe crucifix de la souffrance<\/strong>\r\n

Pendant les derni\u00e8res ann\u00e9es de son brillant pontificat, saint Jean-Paul II a ramen\u00e9 la souffrance \u00e0 l\u2019avant-sc\u00e8ne de la vie humaine. Chacun a pu voir que sa spiritualit\u00e9 lui a donn\u00e9 une force int\u00e9rieure \u2013 une spiritualit\u00e9 avec laquelle chacun peut aussi surmonter la peur, m\u00eame la peur de la mort. \u00a0Quelle incroyable le\u00e7on pour le monde! Son combat sur les effets physiques du vieillissement fut aussi une le\u00e7on valable pour une soci\u00e9t\u00e9 qui trouve difficile d\u2019accepter de vieillir, dans une culture qui ne voit pas de r\u00e9demption dans la souffrance.<\/p>\r\n

En tant que p\u00e8re affectueux et professeur attentionn\u00e9, le saint pape Jean-Paul II a indiqu\u00e9 des points de r\u00e9f\u00e9rence surs et sens\u00e9s, indispensables pour chacun, sp\u00e9cialement pour les jeunes. Le contraste entre la vigueur physique de saint Jean-Paul II au d\u00e9but de son pontificat et son \u00e9tat \u00e0 la fin de celui-ci, fut frappant.<\/p>\r\n

Dans les derniers moments de ce dernier et dans sa mort, cette nouvelle g\u00e9n\u00e9ration souhaita montrer qu\u2019elle avait compris son enseignement, en se rassemblant silencieusement en pri\u00e8re sur la place Saint-Pierre et dans de nombreux lieux du monde. Des dizaines de milliers de jeunes furent conscients que son d\u00e9part \u00e9tait une perte\u00a0: \u00ab\u00a0leur\u00a0\u00bb pape \u00e9tait en train de mourir, celui qu\u2019ils consid\u00e9raient comme \u00ab\u00a0leur p\u00e8re dans la foi\u00a0\u00bb. Bien que bris\u00e9 et courb\u00e9 \u00e0 la fin de son p\u00e8lerinage sur la terre, saint Jean-Paul II a franchi le seuil de l\u2019histoire, avec la stature d\u2019un g\u00e9ant.<\/p>\r\n

Puissions nous apprendre de \u00ab\u00a0Papa Wojtyla\u00a0\u00bb comment franchir les seuils, ouvrir les portes, construire des ponts, embrasser la Croix de la souffrance et proclamer l\u2019Evangile de la Vie au monde d\u2019aujourd\u2019hui. Prions afin que nous obtenions un fragment de la fid\u00e9lit\u00e9 de Pierre et de l\u2019audace de Paul qui \u00e9taient si pr\u00e9sents chez Karol Wojtyla, d\u00e9sormais saint Jean-Paul II.<\/p>\r\nVendredi Saint: dans le sillage d\u2019une grande tradition chr\u00e9tienne<\/strong>\r\n

Lorsque j\u2019\u00e9tais encore aum\u00f4nier au Centre Newman de l\u2019Universit\u00e9 de Toronto, une merveilleuse femme \u00e2g\u00e9e catholique m\u2019a confi\u00e9, un Vendredi Saint, les combats qu\u2019elle et sa famille avaient dans l\u2019acceptation de la Croix en tant que symbole central de la vie chr\u00e9tienne. La femme a pleur\u00e9 tandis qu\u2019elle exprimait son souci au sujet de la foi de sa fille et elle m\u2019a partag\u00e9 un po\u00e8me que sa fille, Hanna, avait \u00e9crit au sujet de la Croix. \u00a0Loin de dire un manque de foi, ce po\u00e8me r\u00e9v\u00e8le la foi brute et l\u2019amour profond que le myst\u00e8re du Vendredi Saint arrache de tous les chr\u00e9tiens partout dans le monde ce jour-l\u00e0.<\/p>\r\nLe po\u00e8me va comme suit :\r\n

\r\n

\u00ab\u00a0Mais Seigneur\u00a0\u00bb me suis-je plaint,\u00a0\u00ab\u00a0cette croix est trop lourde, trop encombrante,\u00a0Elle d\u00e9passe devant, elle tra\u00eene derri\u00e8re,\u00a0Elle glisse sur le c\u00f4t\u00e9, elle ne me va pas,\u00a0Seigneur, elle ne peut pas \u00eatre pour moi! \u00bb\u00a0\u00ab\u00a0Ah doucement, doucement,\u00a0\u00bb dit-Il.\u00a0\u00ab\u00a0Ce n\u2019est pas la croix qui a besoin de changer, c\u2019est ta mani\u00e8re de la porter. \u00bb<\/p>\r\n

Et se courbant si gracieusement, Lui, le sp\u00e9cialiste des croix et du portement de croix, ajusta la mienne, d\u00e9tendit mes \u00e9paules, me fit signe de regarder et de sourir, de la porter avec dignit\u00e9, si ce n\u2019est par amour, car j\u2019\u00e9tais dans le sillage d\u2019une grande tradition.\u00a0\u00bb<\/p>\r\n<\/blockquote>\r\n\r\n